Vins : des bons choix et des exceptions (1)
Cette rubrique, qui se poursuivra dans nos prochains numéro, nous a été inspirée par le plaisir de faire découvrir à nos lecteurs quelques vins que nous avons appréciés ces derniers mois à l’occasion de dégustations professionnelles ou simplement de repas entre amis. La liste est courte, les produits présentés sans hiérarchie particulière et sans prétention à des débats de spécialistes. Nos critères de choix sont le plaisir que nous avons éprouvés à les boire et, accessoirement la gamme des prix qui ne viendraient pas gâcher ce plaisir.
« M » comme Marionnet
Accoler le nom de Marionnet à celui de Touraine, constitue presque un pléonasme. Ce vigneron est devenu l’un des plus connus parmi les spécialistes du vin de cette région grâce notamment à une forte présence sur les cartes des restaurants de ses Gamay de Touraine rouge et Sauvignon blancs du Domaine de La Charmoise Henry Marionnet, domaine de La Charmoise ; Soing, Loir et Cher. Mais Henri Marionnet est aussi un passionné, un novateur, un collectionneur. Son « M » illustre bien cette passion que partage son fils Jean-Sébastien. Ce Sauvignon hors normes, ne peut être fait qu'à partir d'une belle année et plus précisément des conditions climatiques de l’arrière saison. Ainsi, il n’y aura pas de cuvée « M » en 2006. En effet, il faut pour le réaliser, une vendange très mûre cueillie entre 14 et 15° et provenant d'une seule et unique parcelle répertoriée comme étant la meilleure du Domaine. :
La richesse de ce vin est phénoménale et n'a rien à voir avec les autres Sauvignons. C'est un véritable défilé d'arômes qui explosent dans le verre : la pêche blanche, la poire, l'abricot, avec des fruits exotiques, puis la vanille, le pain grillé, et enfin la noisette. Le « M » se boit à l'apéritif, mais il est magnifique avec le foie gras, les asperges à la crème et plus généralement tous les plats à la crème ….et avec le caviar.
Sa durée de vie est probablement très longue, 10 à 15 ans. Pourtant, mieux vaut le boire jeune. Le millésime 2005 est vendu 13,50 euros départ ; un prix raisonnable pour un vin rare.
La belle histoire du « provignage »
Le provignage, c’était l’opération de multiplication de la vigne ou du remplacement des plants défectueux avant l’apparition du phylloxera et ses conséquences désastreuses pour le vignoble français en 1870.
En 1998, Henry Marionnet achète à un vigneron voisin, quatre hectares de vigne dans lesquels il découvre une parcelle plantée vers 1850, c'est-à-dire avant l’arrivée du Phylloxera. C’est peut-être la plus vieille vigne de France ; elle avait été plantée en Romorantin, un cépage venu de Bourgogne, introduit dans la région en 1519 par François 1er.
Henry Marionnet baptisera la production de cette parcelle « Provignage » et en tirera un vin qui ne présente aucune similitude avec les autres Romorantin. Comme tous les vins issus de vignes non greffées, il a beaucoup d’ampleur et une gamme d’arômes allant de la poire à la noisette. Il s’agit d’un vin hors du temps, à boire avant un repas, sans accompagnement, par exemple, pour en tirer la quintessence, ou pour accompagner les poissons de Loire comme un brochet au beurre blanc, un poulet aux morilles et des fromages de Savoie. Il faudra investir 40 euros pour une bouteille de ce vin rarissime. Mais l’exception se paie.