Vins AOC : la baisse des rendements passe mal
Les rendements et normes qualitatives des appellations d’origine proposées par le Comité national des vins et eaux-de-vie de l’Inao mercredi et jeudi est resté au travers de la gorge de certains vignerons. C’est le cas en Saône-et-Loire, où des viticulteurs ont saccagé jeudi soir le local régional de l’Inao à Mâcon. Les vignerons -150 selon la police, 300 selon les organisateurs- ont également brûlé des documents appartenant à l’institut et ont déposé plusieurs centaines de kilos de moût de raisin devant les locaux. Les viticulteurs de la région estiment que le comité national de l’Inao n’a pas suivi les recommandations du comité régional et dénoncent une décision politique de la part du ministère de l’Agriculture « qui s'est immiscé dans les décisions à partir du moment où l'on a accepté des aides à la distillation », a précisé le président de l'Union des syndicats, en ajoutant que « les arbitrages nationaux ne tenaient pas compte des contextes économiques et agronomiques ». « La récolte s'annonce cette année hyper qualitative et elle ne sera pas pléthorique », selon lui.
Des participants confirment que le comité national de l’Inao s’est déroulé cette semaine « sous la pression du ministère» qui voit dans ces mesures de restriction un moyen efficace de juguler la crise. L'Institut national des appellations d'origine (Inao) a décidé une baisse sensible des rendements par hectare par rapport à 2004 pour les grandes régions de vins AOC pour la vendange 2005.
Pour les vins rouges, la baisse est la suivante : Bordeaux (-4 hl/hectare), Bergerac (-5 hl), Côtes du Rhône (-3 hl), Bourgogne (uniquement Passetoutgrain et Mâcon, -3 hl), Beaujolais et Beaujolais village (- 5 hl), Cahors (-10 hl) et Gaillac (-6 hl), alors que pour les vins blancs elle touche uniquement le Muscadet (-5 hl), selon un communiqué de l'Inao. Cette décision devrait diminuer la récolte d'environ 1,5 million d'hectolitres sur un total prévu d'environ 26 millions d'hectolitres en AOC, pour une récolte totale estimée à près de 55 M d’hl.
L'Inao a également diminué l'enrichissement du vin au-dessous du niveau autorisé par la réglementation européenne en le ramenant de 2,5 degrés à 1,5 maximum pour les vins dits tranquilles (hors Champagne et effervescents).
La qualité prévue du millésime a conduit, par ailleurs, dans de nombreuses régions à relever le degré minimum de richesse naturelle exigé pour les moûts.
« Ces propositions marquent la volonté des responsables professionnels des AOC de faire face à la crise actuelle avec rigueur et responsabilité, conformément aux engagements pris le 20 juillet 2005, lors de la réunion de la filière avec le ministre de l’Agriculture et de la Pêche, » écrit l’Inao dans un communiqué. « Conjuguées au renforcement des contrôles qualitatifs engagé depuis deux ans par l’Inao, ces mesures devraient conforter la position des appellations d’origine françaises sur le marché mondial », estime-t-il. Reste encore à en convaincre tous les producteurs.