Vin : quelques bons choix et des bouteilles d’exception (3)
Château de Reignac : une certaine idée du « supérieur »
Sous le modeste classement de « Bordeaux supérieur », le Château de Reignac, se présente comme une exception. Si vous désirez surprendre des invités, servez ce vin en carafe et ne leur dévoilez l’étiquette qu’après qu’ils l’auront dégusté en les interrogeant sur son origine précise. Il sera assimilé le plus volontiers à un cru classé du Médoc. En fait, le vignoble de Château de Reignac est situé dans la zone Ouest de l’Entre-Deux-Mers, à quelques kilomètres de la commune de St Loubès, dans une zone qui réunit les meilleurs terroirs des rives gauche et droite sur une même propriété.
En achetant cette propriété en 1990, Yves Vatelot a entrepris d’exploiter pleinement les qualités de ces terroirs par un encépagement adapté et une politique de très bas rendements, des vendanges à maturité et des soins de vinification exceptionnels en s’entourant des conseils du grand œnologue, Michel Rolland.
En 1996 c’est la naissance de la cuvée Reignac que le critique américain Robert Parker cote 90/100 et que le Grand jury européen classe d’emblée parmi les 50 premiers Bordeaux, toutes appellations et classement confondus. Reignac continuera de recueillir chez Parker des notes de 90 et plus et il est reconnu par les principaux guides français (Hachette, Bettane et Dessauve, Gault et Millau…) comme le grand Bordeaux qu’il est. En 2002, Yves Vatelot achète une propriété voisine sur laquelle il développe son tout haut de gamme, « Balthus » vinifié en barriques selon une technique mise au point par Yves Vatelot lui-même. Sortant largement de la gamme moyenne de prix des Bordeaux supérieurs, Yves Vatelot a choisi de vendre son vin à sa valeur qualitative réelle. C’était un pari difficile ; il a été tenu faisant la démonstration de la primauté de la qualité et du talent sur des classifications parfois discutables.
Notre choix : Reignac rouge 2000 : 22 euros départ ; 2003 : 14,50 e, Château de Reignac 2004 : 7,80 e ; Reignac blanc 2003 : 18 e. Et pour l’exceptionnel, Balthus 2004 : 40 e.
Château de France : la classe d’un grand Pessac-Léognan
A l’occasion du dernier salon Vinexpo de Bordeaux, nous avions présenté la propriété et le vin de Bernard Thomassin, Château de France. Contrairement au Château Reignac, Château de France jouit d’un classement à la hauteur de sa qualité puisque situé dans l’appellation Pessac-Léognan, qui recèle les Châteaux Haut- Brion, de Fieuzal, Haut-Bailly et autre Domaine Chevalier. Là encore, on notera toutes les subtilités des classements du Bordelais, ces grands crus de Pessac-Léognan étant classés en « Graves » bien que produits pour la plupart à Pessac comme Château Haut-Brion, ou à Léognan, tel Château de Fieuzal. Qu’importe. A l’ombre de ces grands noms, Château de France n’a pas à nourrir de complexe. Nous avions dit, dans l’article précité, tout le bien que nous en pensions ; le millésime 2004 renforce cette opinion. Ce vin ample, au nez de fruits noirs, finement boisé, fait partie des Bordeaux qui peuvent affronter la comparaison avec bien des crus du Médoc.
Notre choix: en rouge, Château de France 2002 et 2003 : 19 euros départ propriété. En blanc, 2005 : 16,20 euros départ SAS B.Thomassin, château de France, 33850 Léognan. Tel 05 56 64 75 39.
Un conseil : les Châteaux Reignac et de France sont de vrais, grands, beaux et accueillants Châteaux, loin de cette qualification trop souvent galvaudée. Faire connaissance avec leurs vins sur place mérite le détour.
Beaujolais : le Morgon de Dominique Piron
Les crus du Beaujolais ont été « libérés » comme chaque année le 15 décembre. Parmi eux, le Morgon, qui devra attendre au moins les premiers mois du printemps pour qu’on puisse en faire une dégustation objective. Le Morgon figure parmi les quelques crus du Beaujolais pouvant être considérés comme des vins de garde sur plusieurs années alors que la production vinicole beaujolaise est généralement appréciée pour sa jeunesse, son fruit. Le Morgon est un vin puissant, charpenté, ces caractéristiques se trouvant amplifiées dans la partie du vignoble situé sur le mont du Py.
Alors que la vendange 2005 avait donné dans toute la commune des vins uniformément réussis, celle de 2006 s’est révélée plus difficile, exigeant beaucoup d’application de la part du vigneron. C’est pourquoi le consommateur devra choisir de bonnes maisons s’il ne veut pas risquer de mauvaises surprises. Nous ne risquons rien sur ce plan en conseillant Dominique Piron et son Morgon « Domaine de la Chanaise », une référence pour ce vignoble Dominique Piron, Morgon Le Bas 69910 Villié Morgon. Tel : 04 74 69 10 20.. Dominique Piron propose aussi son Morgon Côte du Py dans le haut de sa gamme (qui comprend entre autres, Brouilly, Chenas, Moulin à Vent et Beaujolais villages). D’une façon générale, le millésime 2006 est au prix du 2005 qui vaut, pour un Morgon côte du Py, 9 e départ. S’il reste encore en stock du 2003, n’hésitez pas, il est entré dans sa phase de plénitude.