Vin : les coops demandent une «distillation volontaire obligatoire»
«Si on laisse faire le marché avec les prix actuels, on condamne une majorité des vignerons. Actuellement, en France la viticulture doit perdre entre 500 et 1 000 Eur/ha (si l'on exclut la Champagne, l'Alsace et quelques autres exceptions comme Chablis). En deux ans, les prix ont reculé de 25 % et la baisse de revenu atteint 50 % dans certains départements », a affirmé, hier, Denis Verdier, président de la confédération des coopératives vinicoles de France (CCVF) et ex-président de l'Onivins. « Ca ne peut pas durer », a-t-il ajouté. Après les manifestations du 15 février, qui n’ont même pas débouché sur des rendez-vous à Matignon ou rue de Varenne, les coopératives ont organisé un colloque le 28 février réunissant les responsables professionnels de toutes les régions viticoles pour mettre au point un plan stratégique de la viticulture française.
Voté à l'unanimité ce plan a été adressé mardi après-midi au Premier ministre. Il comprend des mesures conjoncturelles et structurelles. Pour le court terme, la CCVF souhaite des aides pour soutenir les vignerons en situation difficile comme l'allégement des charges sociales et financières et l'aménagement du régime de préretraite. Afin d'assainir le marché, les coopératives demandent aussi la mise en place d'une « distillation volontaire obligatoire » sur un volume estimé à 4 millions d'hectolitre répartis pour moitié sur les appellations d'origine et pour moitié sur les vins de pays et vins de table. « S'il faut distiller un million d'hectolitres dans le Bordelais qu'on le fasse » a déclaré Denis Verdier.
Création d'une instance de coordination nationale
A plus long terme, la CCVF remet à l'ordre du jour des propositions exprimées depuis plusieurs années et qui avaient fait l'objet d'un consensus de la filière en juillet 2004, sans que cela soit suivi d'effets. « Si l'on attend que les 450 appellations et les 150 vins de pays soient d'accord, on ne fera jamais rien », a déploré hier Denis Verdier, appelant le gouvernement à prendre des décisions. La CCVF demande que l'offre viti-vinicole soit redéfinie autour de trois pôles : le terroir (avec le renforcement des règles de l'AOC), une offre plus marquetée où les marques prendraient le pas sur l'origine souvent avec la mise en avant du cépage et une offre « à caractère industriel » (vins de table, moûts concentrés rectifiés…) qui pourrait représenter jusqu'à 6 M d'hl. « On doit reconquérir ces marchés dits industriels, aujourd'hui dominés par l'Espagne », a estimé le président de la CCVF. Les coopératives proposent par exemple que l'utilisation de moûts concentrés rectifiés soit rendue obligatoire dans des AOC qui ont recours au sucre de betterave. Cette simplification de l'offre serait gérée au niveau des bassins, mais « ce n'est possible que s'il y a une instance nationale de coordination et de gestion de la filière où toutes les régions se rencontrent, sinon ce sera la guerre entre les régions », a ajouté Denis Verdier. Cette instance aurait une composition tripartite : les représentants des comités de bassin, les organisations professionnelles nationales et les Pouvoirs publics.