Vin : la profession cherche à gérer l’abondance
Les vendanges ont déjà débuté dans le Languedoc, en PACA, dans le Tarn et dans le Beaujolais. Partout, les grappes sont chargées et le rendement en jus des raisins s’avère assez élevé. Certes, la maturité et la qualité de la vendange dans les autres régions restent encore très dépendantes des conditions météorologiques à venir. Mais on sait déjà que la récolte 2004 sera à l’opposé de la récolte 2003 : abondante et peu concentrée. L’Onivins a relevé ses estimations le 1er septembre à 58,5 M hl, soit 25,7 M hl en VQPRD, 23,4 M hl en vins de table et 9,4 en vins aptes à la production de Cognac ou Armagnac.
La vendange 2004 s’annonce donc plus abondante que celles des trois dernières années. Selon les experts de l’Onivins, il s’agirait même de la plus importante récolte en appellation d’origine contrôlée de ces cinq dernières années. Et c’est là où le bât blesse. En vins de table et en vins de pays, la récolte devrait permettre de renflouer les stocks qui sont aujourd’hui très bas (2 à 3 mois de consommation contre 5 à 6 mois traditionnellement). En AOC, dans chaque région, les professionnels réfléchissent aux moyens de gérer l’abondance. Dès le mois de juin, le Bordelais a décidé la mise en place sur la récolte 2004 d’une réserve au-dessus de 50 hl/ha pour les appellations de vin rouge de Bordeaux. Non commercialisable cette réserve sera libérée sur décision du bureau du CIVB. La Confédération paysanne a demandé à Hervé Gaymard, dans une lettre datée du 10 septembre, que « des mesures massives de stockage de vin soient mises en œuvre et soutenues financièrement par les pouvoirs publics ».
10 hl/ha de plus demandés pour du moût
Une délégation de représentants de la profession viticole a été reçue, mardi, par le ministère de l’Agriculture pour discuter des mesures de retrait du marché d’une partie de la récolte. On s’acheminerait vers la possibilité de relever de 10 hl/ha le plafond des rendements en vins de table et vins de pays, à condition que ce volume supplémentaire soit destiné à la fabrication de jus et surtout de moûts (dont les stocks sont actuellement très bas). Cette mesure devrait permettre de limiter « les destinations sauvages » des quantités dépassant les rendements autorisés et retirer de 500 000 à 1,5 M hl de la récolte estimée en vin. Selon l’Onivins, le ministère devrait donner sa réponse en fin de semaine ou en début de semaine prochaine.
Une autre piste évoquée est celle de la distillation pour l’alcool de bouche, possibilité offerte chaque année par Bruxelles et pour l’instant seulement utilisée par l’Espagne. L’Onivins discute actuellement avec les professionnels du moyen d’inciter les producteurs à recourir à cette mesure, peu rémunératrice. Le financement complémentaire national dont avait bénéficié la filière en 2001 n’est plus envisageable puisqu’une telle mesure doit aujourd’hui être approuvée à l’unanimité par les 25 de l’Union européenne.