Vin : la baisse des rendements ne convainc pas tout le monde
Plusieurs appellations du Val de Loire ont décidé de diminuer leur rendement maximal autorisé, à l'image du Muscadet sur Lie qui réduira ses rendements de 60 à 55 hl/ha. Cette annonce de la direction du département de l'agriculture découle de la situation tendue sur le marché du vin. Elle rejoint les attentes des vignerons du Val de Loire. Le rendement maximal autorisé va diminuer d'environ 10 %, c'est-à-dire de quelque 3,5 Mhl.
La décision des vignerons du Val de Loire tombe quelques jours après celle de l'Union viticole du Beaujolais. Cette dernière, réunie en conseil extraordinaire au début de ce mois a voté une limitation de rendement de 52 hl/ha pour 2005 au lieu de 57 hl/ha en 2004 (voir notre numéro du 02-09-05) par 34 voies pour et 25 contre. Déjà au 33e congrès National de la Confédération des Coopératives Viticoles de France (CCVF), à Narbonne du 5 au 7 juillet 2005, face au stock qui s'était accumulé et à la diminution des exportations, la fédération des caves coopératives avait suggéré une baisse des rendements. Cette solution de sortie de crise ne fait cependant pas l'unanimité.
Vers un comité Inao houleux
Si des syndicats de producteurs d'AOC proposent à l'Institut national des appellations d'origine (Inao) de diminuer le rendement viticole fixé tous les ans en septembre, d'autres s'y montrent farouchement hostiles Les récents incidents en Beaujolais l’ont illustré.
Pour sa part, le président du Conseil interprofessionnel du vin de Bordeaux (CIVB), Christian Delpeuch estime que les stocks accumulés, soit 900 000 hl en l'espace de 12 mois, sont supérieurs à la capacité de commercialisation.
À l'occasion de sa conférence de presse de rentrée, la fédération des Vignerons indépendants a observé une position mitigée vis-à-vis de la limitation de la baisse des rendements AOC. L'organisation professionnelle fait en effet remarquer que l'application d'une telle mesure à l'ensemble d'une appellation déterminée, ne tient pas compte des situations très différentes d'une entreprise à l'autre, certaine n'ayant pas d'excès de stocks et étant assurées d'un débouché commercial se trouvant alors pénalisées dans leur chiffre d'affaires. Sans doute, en partant de ce principe, une adaptation de la baisse de rendement devrait-elle se faire en fonction du bilan de chaque entreprise.
Le conseil du comité Vins de l'Inao qui se réunit ce jour et demain pour fixer les rendements devrait se révéler houleux en l'absence d'une unanimité sur ce point délicat. En revanche, l'Institut pourrait manifester de l'intérêt à une proposition qui semble, elle, faire le consensus : la fixation d'une autre période que celle des vendanges pour établir les rendements. Ce pourrait être un bon sujet de débat pour le prochain Congrès de l'Inao qui se réunit les 18 et 19 octobre à Paris.