« Vin de pays de l’Atlantique » : l’UE demande des explications !
Début mai, l’Etat français a envoyé à Bruxelles une dizaine de dossiers sur tous les derniers vins de pays publiés en France. A la mi-août, les professionnels apprenaient par voie de presse que la dénomination « Vin de pays des Vignobles de France » mais aussi « Vin de pays de l’Atlantique » et « Vin de pays des Gaules » (Bourgogne) n’étaient pas recevables « en l’état, au titre des indications géographiques » Le règlement européen prévoit qu’une indication géographique doit correspondre au nom d’un lieu-dit (ou groupement de lieux-dits), d’une commune (ou partie de commune), d’une sous-région (ou partie d’une sous-région) ou d’une région autre qu’une région déterminée.: exit, donc, en tout cas pour l’instant, leur inscription au Journal Officiel des Communautés Européennes. On apprenait aussi que les pouvoirs publics avaient un délai de deux mois pour apporter leurs explications et contre arguments. « On a fait beaucoup de bruit autour de cette affaire qui n’est pour l’instant qu’une simple demande d’explications. Sur le fond, il n’y a pas grand-chose à dire », explique Pierre Cambar, le directeur du Comité régional des Vins d’Aquitaine (CRVA). « Nous n’avons pas été informés ni sollicités à titre consultatif par le ministère de l’agriculture, mais il semble qu’une réponse sollicitant le maintien de la dénomination Vin de pays de l’Atlantique ait été envoyée le 9 septembre », indique-t-il. « Ce qui est plus ennuyeux, c’est que la nouvelle a jeté le trouble chez les producteurs et même les distributeurs. Les viticulteurs pensent que l’an prochain, ils ne pourront pas déclarer et comprennent ça comme une interdiction ».
« 2007 sera comme 2006 »
Alors le syndicat des producteurs vient d’écrire à ses adhérents pour dire que « 2007 sera comme 2006 » : « le questionnement émanant de la Commission Européenne ne saurait remettre en cause les dispositifs déjà mis en place pour la récolte 2006, concernant soit la revendication en vin de pays de l’Atlantique pour la déclaration de récolte 2007, soit l’engagement de la procédure d’agrément au titre de la prochaine campagne », précise Stéphane Héraud, son président.
Fin 2006, 78 producteurs déclarants - viticulteurs, caves coopératives et maisons de négoce de Charente et Charente-Maritime, Gironde, Dordogne et Lot-et-Garonne - avaient produit 40 000 hl de vin de pays de l’Atlantique, soit 5 millions de cols pour le premier millésime, vendus entre 2,20 et 2,60 euros la bouteille en moyenne.
Pour le reste, « c’est un problème, de nom, de vocable, de sémantique, rien d’autre », expliquent les responsables professionnels bordelais. « Des informations complémentaires, des arguments, vont être apportés au dossier, Bruxelles va accepter ou pas, et l’on va trouver un compromis », rassurent-ils.
Sinon ? « Nous sommes très attachés au mot Atlantique ». S’il faut changer de nom, on peut imaginer pour 2008 une nouvelle dénomination proche, intégrant le mot « Atlantique ». Le débat n’est pas clos. On salue en tout cas ici une affaire « qui reste dans un cénacle parisien », « parfait exemple de ce que l’on appelle la décentralisation ».