Vin : crise aiguë ou spéculation ?
Dans notre édition d’hier, nous avons relaté l’incident qui s’était produit mercredi au Conseil de direction de l’Onivins, les professionnels ayant quitté la séance. Cette réaction avait d’abord pour origine l’intervention de Pierre Aguilas, président de l’AGPV, Association Générale de la Production Viticole, s’élevant vigoureusement contre la campagne anti-vin, considérée comme une véritable provocation par la filière.
Cet épisode de l’intervention du président Aguilas étant clos, le représentant de la FNSEA a relancé le débat sur le plan socio-économique en rappelant notamment ses propositions de soutien aux exploitants et entreprises en difficulté. Ces propositions formulées en juillet, alors que s’annonçait une campagne difficile, voire une crise, n’ont toujours pas reçu de réponse.
Rappelons les principales demandes de la FNSEA et du CNJA formulées alors :
- Aide à la trésorerie aux exploitations, plafonnée à 30 500 euros, à moduler en fonction du niveau de difficulté, de la surface viticole et de l’emploi présent sur l’exploitation.
- Cotisations sociales : prise en charge partielle par l’État.
- Fonds d’allégement des charges : mise en place d’enveloppes exceptionnelles pour prendre en charge tout ou partie des intérêts d’emprunt à long et moyen terme.
- Étalement sur plusieurs années de la fiscalité liée à la perception de soutiens financiers, quelle qu’en soit la forme.
- Désendettement des agriculteurs souhaitant bénéficier d’un régime de préretraite et transmettre leur exploitation à un jeune.
- Soutien aux structures dont les trésoreries sont fragilisées par la crise.
Il est vrai que la campagne commerciale a mal démarré, avec des prix en baisse par rapport à la précédente, même période, ce qui était prévisible, et surtout une prise de retard inquiétante qui prive la production de rentrées financières. Cette situation n’est sans doute pas totalement justifiée, car si la vendange 2004 est certes abondante, les disponibilités ne sont pas pléthoriques compte tenu des faibles stocks -surtout en vins de table- qu’avait laissé la maigre récolte 2003.
Mauvais démarrage de la campagne
S’agit-il d’une réaction psychologique à un changement brutal de conjoncture entre deux campagnes diamétralement opposées ou plus prosaïquement d’une pression sur les prix de la part des acheteurs qui espèrent un alourdissement de la tendance ? Entre l’unité de la filière affichée mercredi au Conseil de l’Onivins et la dure réalité des affaires il n’est pas toujours facile de s’y retrouver.