Vin : Barnier et « l’ultra-libéralisme » bruxellois
Intervenant au Sitevi devant les viticulteurs du Languedoc Roussillon, le ministre de l’Agriculture Michel Barnier n'a pas joué la carte des effets d'annonce mais a réitéré ses positions sur certains points de la réforme de l'OCM viticole. Notamment sur ceux qui l'opposent à la Commission européenne, dont il avoue ne pas toujours comprendre l'argumentation. « Si je partage l'objectif de reconquête de compétitivité affiché par la Commission, je suis beaucoup plus réservé voire totalement opposé sur certaines voies qu'elle préconise. Sa politique ultra libérale est plutôt inquiétante (...) Comment peut on à la fois préconiser des mesures contradictoires telles que la suppression des droits de plantation et l'arrachage obligatoire ? Je considère qu'il est totalement prématuré de supprimer les droits de plantations en 2010 ou en 2013. Nous devons d'abord trouver un compromis avant de revoir cet outil d'encadrement. »
Un arrachage «maîtrisé et raisonné»
Sur l'arrachage, Michel Barnier a été tout aussi ferme : « si la Commission européenne est revenue à des propositions plus raisonnables, dans certains cas, l'arrachage du vignoble est encore nécessaire pour adapter l'offre à la demande. Mais cet arrachage doit être maîtrisé et raisonné. » A cette mesure, Michel Barnier avait déjà apporté une réponse. Interpellé par les viticulteurs de l'Hérault au cours de sa visite du salon montpelliérain, Michel Barnier s'est engagé « à revoir le système de calcul des DPU à condition que les surfaces concernées, soit effectivement converties à la culture de blé dur. »
Autre sujet de satisfaction pour les viticulteurs du Sud, la réponse de Michel Barnier à la question du projet de la commission de créer des vins de cépages sans mention de leur origine géographique : « il s'agit d'une question très sensible pour les vins de pays, qui ont réalisé depuis 20 ans des efforts qualitatifs considérables. Il n'est dans mes intentions de brader ou de déprécier ses mentions garantes de qualité. » Si, jusqu'alors, l'auditoire avait écouté le ministre sans broncher, sa réponse rigoureuse sur l'enrichissement a jeté un froid.
« Je suis le ministre de toutes les agricultures et de toutes les viticultures de France. Je crois qu'il serait infondé de rejeter la chaptalisation. » Ce qui signifie que les viticulteurs du Sud devront s'en accommoder. Michel Barnier s'est encore prononcé sur la distillation de crise « un outil à préserver, au cas où…, les prestations viniques “pas un vieux outil”, la simplification de l'architecture des filières viticoles afin de renforcer l'organisation interprofessionnelle », et les transferts « exagérés » vers le second pilier. Michel Barnier a conclu : « les négociations seront difficiles. Je vous ai apporté un message de détermination pour aboutir à une OCM conquérante. Nous n'avons pas gagné, mais j'aurais besoin de vous pour continuer. »