Vignobles de France sur la rampe de lancement
Plus de dix ans que le sujet passionne la profession, suscitant l’enthousiasme du négoce et l’ire des puristes et de certains producteurs. Il faut dire qu’au pays de l’appellation d’origine contrôlée (AOC), l’idée de mélanger des vins d’origines géographiques différentes ne pouvait que faire débat. « Le projet du vin de pays des vignobles de France, c’est en fait un agrément complémentaire, proche de la mise en marché. Il s’agirait d’assembler des vins de pays déjà agréés et issus d’un seul cépage », explique Sophie Boucard, œnologue à Viniflhor. Il en résulterait donc des vins mono-cépages mais provenant de zones différentes, une démarche « d’appellation d’origine incontrôlée», pour ses détracteurs .
Beaucoup y voient pourtant le moyen de relancer les ventes à l’export face aux concurrents européens et du nouveau monde. « C’est un projet que les professionnels souhaitent voir aboutir, pour donner plus de lisibilité à l’offre française à l’export, la rendre plus créative», précise Bruno Kessler, président de l’AFED, l’association française des éleveurs, embouteilleurs et distributeurs de vins et spiritueux.
A la veille de voir son combat aboutir, l’homme se montre optimiste mais prudent : « Dans un premier temps, un décret pourrait autoriser l’assemblage des vins de pays, puis interviendrait un décret d’application qui détaillerait avec plus de précision les conditions d’application de ce nouvel agrément», avance-t-il, se gardant de crier victoire sur un sujet qui reste « très sensible ».
Plus globalement, le projet est soutenu par la fédération des syndicats des vins de pays des vignobles de France, qui rassemble tous les syndicats du négoce et tous les syndicats de vins de pays de France, à l’exception notable des vins de pays d’Oc.
Une petite révolution
Du côté de Viniflhor (anciennement Onivins), on affirme que le nouveau vin de pays en est encore à l’état de projet tout en reconnaissant que les professionnels accentuent la pression ces derniers temps. « La profession souhaiterait que tout soit tranché mercredi (17 janvier, NDR), mais ce n’est pas le cas pour l’instant», nous précisait-on lundi. Selon une autre source citée dans la presse vendredi, le comité des vins de pays aurait pourtant donné son accord à la création du nouveau vin de pays, une décision qui devrait être officialisée dès demain.
On ignore en revanche le nom définitif du nouveau vin de pays. En plus du nom du cépage, l’étiquette devrait en tout cas clairement indiquer son origine « France ». Jusqu'à présent, les vins de pays ne pouvaient être produits que dans leur région d'origine. Cette nouvelle initiative se distingue donc nettement du « vin de pays du jardin de la France», qui fait l’objet d’un agrément direct et provient uniquement de certains départements du Val de Loire.