Vers un retour du bœuf britannique
Les États membres de l'UE pourraient décider aujourd'hui de lever l'embargo sur le bœuf britannique, instauré en 1996 avec la crise de la vache folle. Les experts de la chaîne alimentaire et de la santé animale des 25 doivent examiner la proposition faite en ce sens en septembre par la Commission européenne. Certains pays -France, Italie, Espagne, Allemagne- émettaient jusqu'ici des réserves, a indiqué une source européenne. Mais « les discussions ont pas mal évolué et le climat semble positif », a-t-elle précisé.
Si les experts décident aujourd'hui, à la majorité qualifiée, de lever l'embargo, le Parlement européen aura ensuite un mois pour donner son avis. Il reviendra ensuite à la Commission de prendre la décision définitive. Lors d'une réunion qui s'est tenue en décembre, les vétérinaires experts d'une dizaine de pays ont prôné la levée de l'interdiction au vue des dernières données présentées par Londres sur la maladie. Le même nombre à peu près a réclamé un complément d'information, mais les autorités britanniques ont fourni davantage d'informations épidémiologiques et de détails techniques sur le système de test de l'ESB du pays.
« Nous pensons que les discussions seront intenses et il a été demandé à la Grande-Bretagne plusieurs précisions, mais il semble bien qu'un accord sera conclu », a indiqué un haut fonctionnaire européen. Il se peut toutefois que l'Italie tente de bloquer le scrutin, évoquant la proximité des législatives pour ne pas avoir à se prononcer, a-t-il ajouté. Le vote se fera cependant à la majorité qualifiée et la Commission est certaine que la Grande-Bretagne peut répondre à toute préoccupation que les autres États membres pourraient encore avoir.
Bruxelles avait proposé la levée de l'embargo en septembre à la suite d'un rapport de ses services vétérinaires montrant que le nombre de cas d'ESB était passé sous le seuil annuel des 200 cas par million d'animaux. Dans ce rapport, les vétérinaires avaient aussi rendu un avis « globalement favorable » sur la bonne application des mesures sanitaires préventives, après une inspection sur place. Dix ans après le début de la crise de la vache folle, le Royaume-Uni ne peut toujours pas exporter de viande d'animaux âgés de plus de 30 mois et de viande non désossée.
La date de remise sur les étals de l'UE de viande bovine britannique reste cependant incertaine et ce thème sera inscrit dans les négociations. En 1995, la Grande-Bretagne avait écoulé 274,000 t environ, dont 80 000 tonnes en France. «2006 devrait être l'année du retour sur le marché européen, mais pas encore sur la totalité des volumes (180 000 t)», indiquent les dernières prévisions de l'Institut de l'élevage. Lors d'un déjeuner mercredi dernier à l'ambassade de Grande-Bretagne, Rees Roberts, président de l'interprofession galloise a formulé ce vœu : «J'espère qu'il ne faudra pas plus de quelques semaines pour que le boeuf gallois soit de nouveau sur les tables de ces Français, assez connaisseurs pour l'apprécier».