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Vers la fin des surplus alimentaires mondiaux ?

Réunis depuis lundi et jusqu’à aujourd’hui, les nombreux participants au colloque « agriculture européenne et agriculture des pays en voie de développement » organisé par la fondation Farm  La fondation pour l'agriculture et la ruralité dans le monde entend contribuer la promotion de l'agriculture et de l’alimentaire des pays en développement. Elle est présidée par René Carron, président de Crédit Agricole S.A.se sont projetés à moyen et long terme sur les perspectives agricoles mondiales, rompant quelque peu avec l’optimisme ambiant sur l’avenir des biocarburants. Plusieurs intervenants ont également fait part de la nécessité de trouver de nouvelles opportunités dans un monde de plus en plus concurrentiel.

Pour Michiel Keyzer, professeur d’économie et directeur du centre d’études alimentaires mondiales, les pays en développement que sont la Chine et l’Inde deviennent fortement importatrices en alimentation animale et semences pour biocarburants, pour nourrir leur croissance. « C’est la fin des surplus alimentaires mondiaux » assure le professeur, qui incite les Européens à davantage miser sur la promotion à l’export et sur les produits à forte valeur plutôt que sur la mise en place de barrières douanières à l’entrée des frontières.

Joseph Schmidhuber, économiste à la FAO a fait part des projections à 2030 sur la composition des apports alimentaires dans toutes les régions du monde. Les protéines d’origine animales, qu’il s’agisse du lait ou de la viande, vont voir leur part progresser grandement avec l’amélioration des conditions économiques dans les PED (pays en développement), posant la question de l’arbitrage entre les terres dédiées à l’alimentaire, et le nouvel eldorado des biocarburants. Sur ce domaine, il convient « de ne pas être trop optimiste » a estimé M. Schmidhuber, le prix de revient des biocarburants n’étant pas pour le moment compétitif vis-à-vis du prix du baril de pétrole. L’opportunité de développer les carburants verts en utilisant les terres auparavant dévolues à l’agriculture a été au centre des débats lundi. La chercheuse de l’Inra Catherine Benjamin a modélisé l’évolution des prix des matières premières aux États-Unis ainsi qu’au niveau mondial, sur la base de l’incorporation obligatoire décidée outre-Atlantique.

Les différents scénarii aboutissent tous à une augmentation des prix du maïs (entre 9 et 16 %), la hausse étant moins perceptible pour le blé tendre, tandis que le soja connaîtrait une baisse des prix.

La piste OGM pour les biocarburants ?

Cette orientation vers l’allocation de plus en plus grande des terres au non alimentaire a fait réagir l’ingénieur agronome et économiste Michel Griffon, qui entrevoit l’occasion pour les agricultures américaines et européennes « de redevenir compétitives dans ce contexte de raréfaction », en mettant l’accent sur les productions alimentaires dont vont de plus en plus être dépendants les PED. « Si nous remplissons d’abord les estomacs, en 2050 il ne resterait en termes de surfaces que de quoi assurer la production de 10 à 15 % des besoins en carburants liquides. Face à une telle pression, l’Afrique pourrait devenir un réservoir car elle dispose de beaucoup de terres inexploitées » a expliqué M. Griffon, lançant une piste vers l’avenir. Au Sénégal, le ministère de l’Agriculture est d’ailleurs celui « des Biocarburants et de la Sécurité Alimentaire ». La modification des arbitrages et des comportements alimentaires associée aux exigences de plus en plus fortes envers les productions végétales sont en tout cas des éléments favorables aux OGM selon le professeur Marc Van Montagu, par ailleurs président de la fédération européenne de biotechnologie. L’apport des OGM rendrait les biocarburants plus compétitifs selon lui, les facteurs de blocages restants plus politiques que technologiques. Reste à convaincre l’opinion publique, ce qui n’est pas la tâche la plus simple.

Rédaction Réussir

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