Veau : retour sur un accord historique
Rappelons que ce rapprochement industriel donne naissance au premier opérateur français en veaux de boucherie avec 33 000 tonnes de viande (devant Tendriade, groupe Lactalis) et troisième Européen.
Au sein de Socopa, le pilotage de cette filière industrielle revient à la structure ex-Even ou Kerguelen « qui devient le véhicule spécialisé veau du groupe Socopa », disait il y a quelques jours Christian Couilleau, DG d’Even (Ploudaniel, Finistère). Jusqu’à présent chez Socopa, le veau n’avait le droit qu’à la portion congrue. 7 400 tonnes traitées en 2005 dans 6 unités (16 000 tonnes commercialisées), c’est-à-dire pas grand-chose à côté de ses deux espèces phares, le bovin et le porcin - 478 000 tonnes en 2005.
A l’inverse, Even réalisait près de 11 % de son CA consolidé (100 millions sur 900 millions d’euros) dans le veau de boucherie, avec 300 salariés. Sa filière pèse 18 000 tonnes de viande traitées à 100 % dans sa filière industrielle.
Ce sont deux abattoirs de cheville et carcasses : Brest (Finistère) pour 12 000 tonnes destinées à la RHD, Montauban-de-Bretagne (Ille-et-Vilaine) travaille du cru en direction de la GMS.
Résoudre des difficultés logistiques
Et d’une usine spécialisée en produits élaborés située à Lamballe (Côtes d’Armor). Elle désosse « pour 3 000 à 3 500 tonnes de viande et fabrique un peu plus de 1 000 tonnes de produits élaborés par an », explique Jean-Luc Ménard, directeur des productions animales d’Even. Ce sont des caissettes, UVCI, produits élaborés crus ou cuits…
Le groupe laitier finistérien cherchait à s’adosser sur un groupe pour résoudre les difficultés logistiques d’un opérateur de la viande qui n’a que du veau à transporter. « Nous cherchions aussi un accélérateur de croissance », dit pour sa part Jean-Luc Ménard, directeur des productions animales d’Even. Cependant Even affichait aussi des pertes depuis deux ans dans cette activité. « Des pertes importantes en 2005 », confie même le président de la coopérative, Jean Le Vourc’h. La maîtrise du coût de revient devient de plus en plus difficile à tenir, poursuit-il, principalement à cause du prix du lactosérum dans l’alimentation des veaux de boucherie.
Un aliment de substitution ? Évidemment, il y a plein. Mais à ce jour, personne n’a encore décelé lequel, hormis le lait et ses dérivés donnent à la viande de veau sa couleur blanche, sa finesse de goût. Or ces caractéristiques définissent la viande de veau et fondent l’acte d’achat.
Chez Socopa, les dirigeants d’Evenont désormais l’esprit plus tranquille. C’est une opération qui pérennise l’activité d’intégration de 140 à 150 éleveurs spécialisés en veaux de boucherie qu’Even continuera d’alimenter en veaux de huit jours collectés chez ses éleveurs et ailleurs.
En aval, Even va accéder aux flux logistiques de Socopa pour mieux diffuser sa production partout en France, particulièrement en frais ; bénéficier de l’appui du service R & D de Socopa pour dynamiser son offre. En revanche, il est hors de question que la marque Valtéro dédiée aux produits de porc et de bovin de Socopa estampille également les produits de veau. « L’espèce a sa logique propre », commente Jean-Luc Ménard. Les deux mariés ne donnent aucun objectif de chiffre d’affaires.