Veau : les négociations patinent sur la prime à l'abattage
Toujours pas d'accord sur la Prime à l'abattage (PAB) des veaux de boucherie. Les négociations entre éleveurs et industriels sont plombées par les lourdes pertes du secteur. Depuis cet été, les deux parties tentent de se mettre d'accord sur la répartition de la PAB en 2006. Un projet était sur la table, lundi à la Fédération nationale bovine (FNB). La section Veau de boucherie et les associations d'éleveurs ont rejeté le texte proposé par le Syndicat de la vitellerie française (SDVF) et la Fédération nationale de l'industrie et des commerces en gros des viandes (FNICGV).
« L'absence d'indemnisation des vides sanitaires dès la quatrième semaine a été l'élément déterminant pour ne pas accepter l'accord en l'état, dans la mesure où certaines entreprises développent encore de nouveaux ateliers », explique la FNB dans un communiqué. La fédération propose un nouvel accord, garantissant à l'éleveur une « rémunération minimum de 98 euros par veau sorti». « Nous refusons la dérive de certaines entreprises en matière de développement, déclare Fabrice Heudier, président de la section Veau. Il n'est pas question de poursuivre les mises en places sans blinder l'indemnisation des vides sanitaires».
-100 euros par veau en moyenne
A la FNICGV, on minimise le problème. Un si long décalage entre deux bandes resterait très marginal. La fédération met en avant la crise sans précédent que connaît le secteur, avec des pertes pour les entreprises jusqu'à 120 euros par veau. D'après les chiffres du SDVF, la moyenne serait de -100 euros depuis début 2005, malgré un quasi-retour à l'équilibre en fin d'année. Cette mauvaise conjoncture rend difficiles les discussions. L'été dernier, les éleveurs avaient fustigé la décision, jugée unilatérale, d'une baisse de 10 % de leur prime. « La réforme de la Pac a changé la donne », avait beau expliquer le SDVF. Aujourd'hui, tout les acteurs reconnaissent que la PAB 2005 sera proche de 45 euros au lieu de 50 euros l'an dernier.
La FNB estime, dans un communiqué, que « les propositions (des industriels pour la PAB 2006) ne prennent pas en compte les évolutions des charges qui ne cessent d'augmenter (gaz, fioul, maintenance des équipements, etc). De plus, l'augmentation des durées d'engraissement et des vides sanitaires ne permet plus d'obtenir un revenu assurant la pérennité des élevages». « Sans sous estimer la conjoncture 2005, certes difficile, le projet d'accord des entreprises se traduisait par une baisse des revenus, rendant dans de nombreux cas la marge négative. Loin d'être irréfléchi, le refus de la FNB est un acte responsable pour le devenir de la filière. Pas de filières sans éleveurs ! » La fédération propose un nouvel accord : l'éleveur conserve la totalité des versements effectués par l'Ofival au titre de la PAB, l'entreprise assure « une rémunération minimum de 98 euros par veau sorti » en payant 53 euros (98 euros moins la PAB de 45 euros).
2005 restera un bien mauvais souvenir pour tous. « C'est une année ratée, commentait hier Nicolas Douzain, directeur de la FNICGV. Au début, il y avait trop de veaux. Maintenant, on en manque. Ca finira par se caler». Pour la PAB aussi, à n'en pas douter.