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Valorex à l'offensive sur l'alimentation humaine

L'entreprise bretonne s'emploie depuis quatre ans à dupliquer dans l'alimentation humaine ce qu'elle a réussi dans l'alimentation animale avec des graines de lin riches en oméga 3.

« Valorex a mis dix ans pour être présent partout », sourit Pierre Weill, son président. Valorex, c'est l'inventeur du process de détoxification et de thermo-extrusion de la graine de lin, naturellement riche en acides gras polyinsaturés oméga 3. Il crée Valorex dans la foulée (1993) à Combourtillé, à l'est de l'Ille-et-Vilaine. Puis, il constitue une filière d'approvisionnement avec un cahier des charges spécifique, sélectionne ses variétés et élargit son catalogue à d'autres graines oléoprotéagineuses. Au début des années 2000, il entraîne nombre d'industriels agroalimentaires dans l'aventure de l'association Bleu Blanc Cœur, dont il est également à l'initiative.

Priméal, Francine et d'autres industriels sont clients

La graine de lin extrudée devient synonyme d'ingrédient santé. En tant que fabricant d'extrudés et d'ali-ments du bétail dans deux usines en propre et actionnaire de sept autres entreprises (180000 t en France et 40000 t en Angleterre), Valorex génère un chiffre d'affaires de 80 millions d'euros (M€) dans la thermo-extrusion de 50000 tonnes de graines, avec 115 salariés.

C'est ce modèle que Valorex tente de reproduire pour l'alimentation humaine. Il y a quatre ans, Valorex investit 2,2 M€ dans une usine dédiée, également à Combourtillé, et crée une société spécifique, Vaizgantho, pour y abriter sa nouvelle activité : la production de farine de lin mixée avec du blé ou toutes autres céréales pour des industriels de la meunerie majoritairement. « Le site nous a surtout servi de hall technologique pour améliorer nos process, que ce soit en alimentation humaine ou en alimentation animale », glisse la directrice du développement, Béatrice Dupont. La technologie employée, issue d'un brevet déposé par la société en 2001, a été continuellement améliorée depuis (douze brevets), en particulier pour l'alimentation humaine. Et désormais, l'usine revient à son orientation initiale : l'alimentation humaine.

Une granulométrie adaptée

À partir de variétés de lin certifiées sans OGM, sélectionnées pour leur teneur en oméga 3, leur aspect et leur goût (selon le cahier des charges Tradilin), Valorex Alimentation humaine met en œuvre un process spécifique. « À réception, nous procédons d'abord à une analyse par infrarouge pour vérifier le taux d'oméga 3 de la graine de lin », explique François Millet, directeur de la production. Ce sont des graines issues d'un gros travail de sélection variétale, provenant exclusivement de cultures françaises – le lin servant à la nutrition animale est d'origine anglaise pour la moitié des approvisionnements. « On la passe sur un tamis, sur un épierreur puis encore sur un tamis aimanté pour récupérer la plus petite partie métallique », poursuit-il. Les graines de lin sont ensuite orientées vers deux silos de 25 tonnes chacun.

Le traitement proprement dit s'effectue en quatre phases. Il y a d'abord le broyage avec la céréale demandée à 50-50 pour obtenir un aspect « farine ». La granulométrie lors du broyage dépend du client final. Puis vient la maturation qui consiste à neutraliser les facteurs anti-nutritionnels (composés cyanogènes) contenus naturellement dans l'envelope rigide entourant la graine de lin. « Pour cela, nous activons une enzyme présente dans la graine capable de dégrader ces composants en faisant maturer le mélange à 100 °C, à une certaine pression et pendant 10 à 30 minutes », détaille François Millet. Troisième phase, l'extrusion : le produit mélangé avec de l'eau pour favoriser son agglomération est extrudé, c'est-à-dire cuit en continu dans un système de vis d'Archimède en rotation dans un fourreau. Dernière phase enfin : le séchage et le refroidissement avant conditionnement sous atmosphère contrôlée dans des emballages sous vide de 250, 500 g ou 25 kg.

Les farines de lin de Valorex Ali-mentation humaine affichent une biodisponibilité en oméga 3 de 85 %, avec préservation de la qualité nutritionnelle des fibres et des lignanes (polyphénols). Les ventes atteignent à ce jour 1 000 t pour 1,1 million d'euros de chiffre d'affaires en 2013.

Ce sont principalement les secteurs de la boulangerie et de l'industrie meunière (70 % des ventes) qui achètent la farine Valorex pour l'incorporer entre 5 et 20 % dans leurs propres farines. Les acheteurs ont la possibilité de faire valoir des allégations santé relatives aux omégas 3, en fonction du taux d'incorporation. Priméal, Francine et d'autres industriels sont clients de la petite société de Combourtillé. Les particuliers peuvent également acheter sur Internet la farine de lin : www.boutiquelinette.fr.

Objectif à cinq ans : multiplier par trois la production de Valorex Alimentation humaine à 3 000 t, souligne Pierre Weill.

AUX ORIGINES DE L'ENTREPRISE

Lorsqu'il s'est intéressé aux vertus méconnues de la graine de lin, l'ingénieur agronome Pierre Weill a agi par conviction. Les éleveurs laitiers lui disaient souvent qu'en donnant de la graine de lin aux bêtes, ils obtenaient une qualité de lait de printemps, quand l'herbe est pleine d'oméga 3. Le scientifique Pierre Weill a alors conduit des études pour vérifier les valeurs nutritionnelles de la graine de lin. Puis encore d'autres études pour mettre au point un process industriel de détoxification. Valorex était né. Pierre Weill et ses collaborateurs n'ont fait que reproduire ce que les hommes, du Néolithique jusqu'aux années 1950, pratiquaient. Une détoxification empirique, certes, mais qui permettait aux hommes et aux bêtes de s'en nourrir.

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