Va-et-vient dans le sillage du pétrole
L’arrivée au compte-gouttes du soja continue à soutenir les prix pour les livraisons en rapproché, notamment dans les zones portuaires. La demande est forte, vu le volume exceptionnel de ventes réalisées à l’exportation au premier trimestre.
Hausse brutale des cours du pétrole et nouvel afflux monétaire des fonds d’investissements : deux phénomènes qui ont soutenu les cours des produits oléagineux sur le marché de Chicago la semaine dernière. Sur le physique, l’arrivée au compte-gouttes des premières graines continue à soutenir les prix pour les livraisons en rapproché, notamment dans les zones portuaires où la demande est très forte compte tenu du volume exceptionnel de ventes réalisées à l’exportation sur le premier trimestre de la campagne. En effet, seulement 5 % des sojas étaient récoltés au 27 septembre par rapport à 18 % en moyenne depuis 5 ans. À la date du 4 octobre, 15 % de soja et 10 % de maïs avaient été récoltés, contre respectivement 36 % et 25 % sur la moyenne 2004-2008. Des conditions climatiques défavorables au moment des semis expliquent ce retard, de l’avis des analystes.
Ainsi, le rapport a priori baissier sur l’état des stocks au 1er septembre n’a eu que peu d’effet sur les cours. Cet inventaire au 1er septembre permet d’arrêter le stock final de graines de soja pour la campagne 2008-2009. Longtemps sujet d’inquiétudes et facteur de soutien des cours, ce stock, malgré sa révision à la hausse à 3,76 millions de tonnes (contre 3 millions de tonnes dans le rapport USDA du 10 septembre), correspond au troisième plus faible stock enregistré depuis 1977. Cependant, à la veille d’une récolte exceptionnelle, cette augmentation des disponibilités n’est pas favorable aux cours et les opérateurs seront très attentifs aux premiers éléments sur les rendements du millésime 2009.
On va chercher le soja en Inde
Du fait du « zéro tolérance » sur les « évènements » OGM non autorisés dans l’Union européenne, l’industrie animale du Vieux Continent ne prend plus le risque d’importer des tourteaux de soja nord-américain, jusqu’à ce qu’une solution réglementaire soit trouvée. Pour pallier ce problème, le recours aux produits argentins et brésiliens est fort limité du fait d’une offre réduite. Certains opérateurs se reportent donc vers l’origine indienne. L’Inde est le quatrième fournisseur de tourteaux de soja sur le marché mondial (4 millions de tonnes), loin derrière l’Argentine (27 millions de tonnes), le Brésil (12 millions de tonnes) et les États-Unis (8 millions de tonnes).
Sur ce début de semaine, la mécanique s’inverse. Au Brésil, la production 2009-2010 est attendue en hausse et les industriels du pays espèrent écraser 32,2 millions de tonnes de graines cette année, contre 29,8 en 2008-2009. Au Canada, la récolte de canola (variété de colza) vient d’être réévaluée à 10,27 millions de tonnes contre 9,54 prévus en juillet dernier.
Enfin, la filière oléagineuse pâtit du repli des cours du pétrole, lesquels restent sous les 70 dollars, dans un marché inquiet pour la demande après une augmentation du chômage aux États-Unis.