Une police des jambons AOP bien particulière en Italie !
Alors que la Commission européenne révise actuellement les AOP et IGP européennes par le biais d’un livre vert, l’état italien a pris la décision de renforcer les contrôles afin d’éviter les fraudes sur ces multiples appellations dont son territoire regorge.
Depuis le mois de mai dernier, les autorités italiennes ont donc décidé de réagir aux soupçons de fraudes. Mais plutôt que de renforcer les équipes d’inspection du ministère de l’Agriculture, l’Italie a préféré déléguer ce contrôle aux consortiums des AOP ou IGP. Pour peu que ceux-ci soient reconnus par le ministère de l’Agriculture.
« C’est un bon moyen de lutter contre les fraudes, déclarait à ce sujet Walter Giorgi, le jeune directeur du Consortium tout nouvellement reconnu agent de contrôle de l’AOP. Je viens d’obtenir cette autorisation il y a quelques jours. Je pourrai par conséquent contrôler les magasins et constater s’il y a des fraudes sur les ventes de jambons découpés ou vendus entiers sous la dénomination « Prosciutto toscano ». Je serai même en mesure d’établir des contraventions. Cela prouve la volonté du ministère de l’Agriculture de prendre en main le problème des fraudes, c’est un message fort de l’état italien. »
Des agents de « police privée »
Walter Giorgi en profitait également pour annoncer non sans fierté qu’il bénéficiait d’un permis de port d’arme pour lutter contre ceux qui abusent du nom du jambon toscan ! Une démarche que l’on retrouve dans d’autres consortiums, notamment celui de l’AOP du Pecorino toscan. Ils seraient ainsi pas moins d’une centaine d’agents de « police privée » à travailler pour le respect de l’utilisation des dénominations d’origine protégée italiennes. Ainsi, l’état autorise ces agents de contrôle à agir comme les services de fraudes du ministère des Finances (l’équivalent de la DGCCRF en France) selon la loi italienne 526 de 1999. Dans le cas du jambon de Parme, le Consortium dispose de trois agents internes dédiés aux contrôles pour l’ensemble de l’Italie, dont un se rendant une fois par semaine à l’étranger.
Les fraudes constatées pour les jambons de Parme ou de Toscane peuvent faire l’objet de contraventions s’échelonnant de 500 à 50 000 euros.