« Une interprofession pour valoriser le gibier »
LM : Quelle est la genèse d'Interprochasse ?
Michel Fort : L'apparition de l'influenza aviaire a été le déclencheur. Il a fallu apporter des réponses sur le plan sanitaire. La filière cynégétique a eu peur d'une interdiction des lâchers d'animaux pour le repeuplement. Un bagage a aussi été évoqué. La réaction a été de remettre les gens autour de la table, en s'attachant à ce qui rassemble plutôt qu'à ce qui divise. A propos de ma nomination, elle intervient dans le prolongement du rôle d'animateur du SNPGC, que j'exerce en parallèle de mes fonctions à l'Acta (recherche appliquée en agriculture, ndlr).
LM : Quels sont vos principaux objectifs ?
Michel Fort : L'un d'eux est de freiner la chute du nombre de chasseurs, tombé à 1,37 million. Des actions doivent être menées auprès des jeunes, des femmes, des médias. Il faut valoriser l'image du gibier et de sa viande auprès des consommateurs, par la promotion d'un produit de qualité pour la chasse et le repeuplement, par la sécurité alimentaire de la venaison. Des chartes de qualité existent déjà. Cette démarche vise par exemple le testage des perdrix, afin de limiter le problème de l'hybridation. Le repeuplement doit s'effectuer à partir de bon gibier, qui vole bien, se défend bien contre les prédateurs, pour préserver la qualité de la faune naturelle. D'autres actions concernent la replantation des haies, des bosquets, le maintien d'éléments fixes, comme les mares, les arbres isolés, l'aménagement du territoire, à travers l'agrainage, le piégeage de nuisibles, le comptage de population. Un autre objectif d'Interprochasse est de constituer une force de proposition face aux évolutions de la réglementation. Nous voulons des chasseurs responsables, gestionnaires du territoire. Cela pour éviter les critiques des écologistes. Sur le plan de la législation, l'élevage intensif connaît aussi des remises en question, avec les normes européennes sur les poules en cages, le gavage des oies, les truies à l'attache. L'élevage de gibier doit quant à lui respecter une hauteur de volière, une densité d'animaux, des points d'abreuvement...
LM : Quand votre démarrage est-il prévu ?
Michel Fort : Les statuts ont été signés par tous les membres et le dossier a été transmis à la DGPEI. Un passage devant le Conseil supérieur d'orientation est prévu en janvier prochain, pour obtenir une reconnaissance officielle. Reste à fixer le montant de la cotisation. Cette CVO devrait couvrir tous les maillons, du producteur au fabricant d'aliment, en passant par l'armurier. Le coup d'envoi d'Interprochasse devrait intervenir au premier trimestre 2008.