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« Une filière du gibier de chasse va naître »

La Fédération nationale du commerce de gros en volailles et gibiers (Fenscopa) se bat pour un assouplissement des règles de commercialisation du gibier. Un combat en bonne voie.

LM : Aujourd’hui, la plupart du gibier vendu au détail est d’origine étrangère. Pourquoi ?

M. H. : Cela est dû aux contraintes de commercialisation et de transport. La législation actuelle, qui date de Napoléon III, lie les périodes de vente aux périodes de chasse. Elles sont fixées département par département, espèce par espèce, sur décision des préfets. Résultat, la commercialisation du gibier en France dépend de 1 400 décisions. Des tas de difficultés se posent. Les préfets oublient souvent d’accorder une dérogation pour autoriser la vente au lendemain de la fermeture de la chasse. L’interdiction de transporter ou de commercialiser, dans un département où la chasse est fermée, du gibier tué dans un endroit où la chasse est ouverte entraîne des situations de blocage pour l’acheminement sur les lieux de vente. Et puis les distributeurs ne veulent pas s’ennuyer avec 1 400 décisions préfectorales. Comment lancer une promotion nationale sur du lièvre, alors que pas un jour la chasse n’est ouverte sur l’ensemble du territoire ? Cette situation aboutit à une distorsion de concurrence entre le gibier d’importation (anglais, autrichien, italien, espagnol), qui peut être vendu toute l’année dans l’Hexagone, et le gibier français.

LM : Cela va-t-il changer ?

M. H. : C’est, à priori, la dernière année qu’on vit une telle situation. Un amendement au projet de loi sur le développement des territoires ruraux a été déposé. Il vise à permettre une libre commercialisation du gibier légalement tué en action de chasse. Les députés l’ont adopté en deuxième lecture, les sénateurs en première lecture.

LM : Quel est votre objectif ?

M. H. : Il est de faire émerger une filière nationale du gibier de chasse. La France est un gros pays consommateur et producteur. Mais, l’organisation fait défaut, contrairement à l’Angleterre, l’Allemagne ou l’Autriche. Dans bien des cas, le gibier distribué en fin de journée de chasse finit à la poubelle. Les responsables des chasseurs en sont conscients. Ils ont lancé une réflexion sur l’organisation de la filière, à laquelle la Fenscopa est associée. Des groupes de travail vont fonctionner département par département, pour identifier les acteurs capables de ramasser les chasses sur le terrain et trouver des centres de collecte et de traitement du gibier. La gestion de l’offre permettra de garantir au consommateur que le gibier est contrôlé. Par exemple, le sanglier doit subir un test de la trichinose, les grosses carcasses, un examen post mortem, le petit gibier, des prélèvements pour analyse. L’offre et la demande doivent s’organiser. Des chaînes de restauration souhaitent des produits précuits, des filets de faisans, des découpes de lièvres. Certains opérateurs sont déjà positionnés, mais ils traitent de petits volumes. Il faut créer des circuits, des entreprises. Le but est d’inverser la tendance selon laquelle la plupart du gibier vendu au détail est importé.

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