Une fédération européenne pour les vins à appellation
La Fédération européenne des vins d’appellation d’origine (EFOW), a été lancée à Bruxelles le 24 mars. Elle regroupe 5 organisations européennes (française, italienne, espagnole, portugaise et hongroise). Une sixième, allemande, doit bientôt les rejoindre.
L’EFOW (European Federation of Origin Wines) se définit comme l’organisation européenne représentative des vins à appellation, AOP et IGP, produits dans l’Union européenne, avec pour objectif de défendre ses produits auprès des instances européennes et internationales. À son origine, on trouve la décision de collaborer des deux organisations spécialisées, la Cnaoc pour la France et la Federdoc pour l’Italie, en 2003, pour promouvoir leurs points de vue auprès des décideurs européens. En 2006, la Commission présentait sa proposition de réforme du secteur vin, les autres organisations précitées devant les rejoindre. Depuis, leurs démarches communes dans la discussion ont démontré leur influence dans les débats sur la réforme de la qualité (échéance 2010-2011) et celle de la Pac. On leur doit, entre autres, le retrait du projet de coupage entre vins blancs et rouges pour la fabrication de rosés.
Trois dossiers requièrent aujourd’hui l’attention de l’EFOW : l’étiquetage, la remise en cause des droits de plantation et la protection des vins à appellation d’origine au niveau international.
Concernant l’étiquetage, l’EFOW est opposée au projet de la Commission de faire figurer sur les bouteilles la liste des ingrédients et leur taux de calories. Ce serait une mesure inapplicable sur un produit vivant comme le vin, dont les critères envisagés par Bruxelles peuvent varier d’une cuvée à l’autre. Sur ce point, un premier résultat a été obtenu par les professionnels, la commission de l’environnement du Parlement européen s’étant prononcée dans leur sens ; on attend maintenant le vote du Parlement, en juin prochain.
Maîtriser la production des vins de qualité
Un autre sujet de préoccupation et d’action pour la fédération est le projet de la Commission européenne de supprimer le système actuel des droits de plantation, en se fondant sur le principe d’attribution de droits sur la simple preuve par le demandeur de justifier d’un débouché assuré pour l’écoulement de cette production supplémentaire. Si le régime actuel des droits devait disparaître, l’EFOW demande l’instauration d’autres outils permettant de maîtriser la production des vins d’origine. Christian Paly, représentant la Cnaoc en tant que vice-président de l’EFOW, affirme qu’il ne peut y avoir de qualité sans maîtrise de la production et qu’une libéralisation excessive des droits de plantation sous le seul prétexte économique mènerait au démantèlement du marché des vins à appellation d’origine. Le 25 mars, la fédération a reçu un signal encourageant, le Parlement européen ayant voté le rapport Scotta, qui souhaite vivement la mise en place de ces outils de maîtrise de la production. La Commission et le conseil des ministres de l’Agriculture de l’UE devront entendre le message du Parlement.
Le troisième dossier prioritaire concerne le projet de la Commission d’établir une protection à deux vitesses des AOP à l’international : les vins de notoriété (champagne, chianti, porto…) bénéficiant d’une protection solide, les appellations moins prestigieuses se contentant d’un régime plus laxiste. L’EFOW considère que l’UE n’a pas le droit de transiger sur les indications géographiques.