Un pilier parisien du Beaujolais va disparaître
Alain Mazeau va céder en janvier prochain son « Relais Beaujolais » de la rue Milton dans le 9 e arrondissement de Paris. Il avait acquis ce restaurant, à la réputation beaujolaise déjà bien établie, en 1987, après vingt ans de service chez un autre grand thuriféraire du Beaujolais dans la capitale, le regretté Louis Prin, patron de Ma Bourgogne. Alair Mazeau s’est affirmé d’emblée dans la lignée des restaurants et bars à vin ce qui lui valut de recevoir en 1990, la « Légion d’Honneur des bistrots à vin » : la « Coupe du Meilleur Pot »
Il est de bon ton, aujourd’hui d’affirmer, notamment dans les médias, à l’arrivée du beaujolais nouveau qu’il s’agit d’un vin médiocre, bâclé, nous avons même pu trouver sous la plume d’un de nos confrères l’épithète de « dégueulasse ». Ce peut être l’expression légitime d’un goût personnel mais qui ne mérite pas de s’imposer aux autres, d’une forme de snobisme, de mépris de la fête populaire qui s’attache au déblocage du Beaujolais nouveau, ou simplement d’une connaissance bornée et sectaire du produit.
Il en va des Beaujolais comme des Bordeaux, des Alsace, des Côtes de Provence, du risque de qualités variables et parfois contestables, selon le talent du vigneron, la compétence du négociant ou de la coopérative. Mais l’immense majorité des vins français, beaujolais compris, a évolué depuis plusieurs années de façon qualitativement très positive, qui dément cette opprobre générique lancée contre un produit. A ces détracteurs systématiques du Beaujolais, nous conseillerions de courir au Relais Beaujolais avant qu’Alain Mazeau ne le quitte, pour y juger autrement qu’à l’emporte pièce, les qualités du Beaujolais à travers les « villages » de Chermette, le Morgon de Pierre Savoy, les Côtes de Brouilly de Paul Jambon ou les Chenas et Chiroubles du domaine Cheysson ou de madame Maupetit. Par la même occasion ils pourront y déguster une viande d’exception. Mais peut-être sont-ils aussi végétariens. Ce serait à désespérer.