PERCEPTION DES PRODUITS LAITIERS FRAIS
Un nouveau french paradox
Une récente étude réalisée par
Syndifrais en partenariat avec l’Ifop
met en évidence un nouveau
« french paradox » en matière
d’alimentation. Les produits laitiers
frais sont synonymes de santé
pour 78 % des Français, mais plus
de la moitié pense qu’ils sont
riches en sucre et en matières
grasses.

Véronique Braesco, VAB Nutrition.

DÉCULPABILISER LES CRÈMES DESSERTS
« Plus généralement, les Français font théoriquement bien le lien entre santé et alimentation », reprend Sandrine Cayeux-Fourtine. Ainsi 81 % jugent que l’alimentation joue un rôle important sur la santé. Ils sont également nombreux (43 %) à dire que les informations nutritionnelles les aident à choisir ou encore à vérifier le taux de sucre ou de matière grasse dans les produits (39 %). Mais pour les crèmes desserts, les connaissances sont à revoir. Le décalage entre la perception de leur composition (36 % de lait(1), 10 % de matière grasse(2) et la réalité est énorme. « La teneur en lait varie entre 60 et 75 % sur la catégorie. Et les crèmes desserts ne contiennent que 3 % de matière grasse en moyenne », rappelle Grégoire Weber, diététicien nutritionniste chez Syndifrais. On les croit aussi très sucrées, autant que les viennoiseries par exemple. Pourtant, une crème dessert n’apporte que 20 g de glucides soit l’équivalent d’une portion de fruit. « Les proportions et équivalences sont encore très approximatives sur les produits laitiers », conclut Sandrine Cayeux-Fourtine. On constate globalement un écart de 20 % en moyenne entre réalité et perception du taux de matière grasse, quel que soit le produit laitier (beurre, crème fraîche, emmental, lait entier,…)(3). Les fromages blancs restent quant à eux parfois victimes des habitudes. Un fromage blanc anciennement étiueté 20 % de MG sur extrait sec en contient seulement 3 %. Denis Mater, coordinateur scientifique de Syndifrais, insiste sur la richesse de la catégorie en protéines (7 à 10 %), « qui contribuent à limiter la sensation de faim et ont un impact positif sur la santé osseuse. » Mais les a priori ont la vie dure. Ainsi, les desserts frais sont achetés moins souvent que les yaourts : 18 actes par an pour les premiers, 25 actes par an pour les seconds.
AU COEUR DE L’ÉQUILIBRE ALIMENTAIRE
Toutefois, l’enjeu va bien audelà. « Alors que le PNNS recommande de consommer 3 produits laitiers par jour, la prise moyenne est actuellement de 2 », constate Véronique Braesco, nutritionniste et directrice du cabinet VAB Nutrition. Résultat : un quart des enfants et un cinquième des adultes n’atteignent pas les deux tiers de l’apport conseillé en calcium et sont donc à risque de carence. « Dans ce contexte, la consommation des produits laitiers frais devrait être promue. » Or, les enquêtes CCAF du Crédoc montrent que la consommation de certains d’entre eux diminue. Pourtant, ils contiennent moins de lipides et de sucres que de nombreux produits du même moment de consommation (barres céréalières, biscuits, viennoiseries, céréales…). Ils contribuent d’ailleurs peu aux apports lipidiques des Français. Ils présentent une densité énergétique modérée. Résultat : ils ne totalisent que 6 % de l’apport énergétique chez les enfants et 5 % chez les adultes. En revanche, se classant en deuxième position derrière le lait chez les enfants, ils sont des contributeurs majeurs aux apports de calcium.
- Les Français achètent souvent des produits laitiers frais. C’est un achat que l’on qualifierait de routinier, de « fond de caddie ». Ils les apprécient et savent qu’ils sont bons pour leur santé. Mais la connaissance nutritionnelle qu’ils en ont, surtout en ce qui concerne les desserts laitiers frais, reste floue et peut freiner la consommation de certaines catégories. Il apparaît donc important d’améliorer ce niveau de connaissance, notamment sur les taux de matière grasse, de sucre et de lait, qui sont recherchés sur l’étiquetage par de nombreux consommateurs. Et ce d’autant plus que dans les foyers à risque (obèses ou en surpoids), les produits laitiers sont sous consommés. » Sandrine Cayeux-Fourtine, directrice d’unité KantarWorldpanel.
- Les yaourts, fromages blancs et desserts lactés contribuent de façon importante aux apports en plusieurs micronutriments essentiels pour lesquels une large part de la population n’atteint pas toujours l’apport conseillé. C’est le cas pour le calcium par exemple, mais aussi pour l’iode, la vitamine B2, le phosphore… À l’inverse, ils n’apportent qu’en quantité modérée des nutriments présents en excès dans l’alimentation des Français, notamment les matières grasses (dont les acides gras saturés) et le sucre. C’est pourquoi les produits laitiers frais peuvent être qualifiés d’aliments ré-équilibrants. » Véronique Braesco, nutritionniste et directrice du cabinet VAB Nutrition.