Un marché du soja toujours ferme
Le prix du soja poursuit sa tendance haussière initiée il y a trois semaines. Du côté des États-Unis, les exportations sont toujours très en avance par rapport aux années précédentes : 70 % du disponible exportable est déjà sorti du pays, contre 55 % en moyenne sur les cinq dernières années. Les opérateurs sont toujours très actifs et annoncent en ce début de semaine une nouvelle vente de soja US à la Chine de 116 000 tonnes de graines. Cette avance pourrait même s’amplifier en fonction des conditions en Amérique du Sud. En effet, les sojas qui réalimentent en premier le marché proviennent surtout du centre et du nord du Brésil.
Inquiétudes au Brésil et en Argentine
Depuis quelques semaines, des précipitations ininterrompues dans cette zone retardent les stades de maturité, et compliquent l’entrée dans les champs, alors que les premières récoltes devraient avoir lieu. Ces conditions météorologiques détériorent non seulement la qualité et les rendements, mais elles renforcent surtout la problématique logistique : la jonction entre les derniers volumes exportés des États-Unis et l’arrivée des sojas sud-américains, entre février et mars, semble de plus en plus malaisée. Au niveau même du volume des récoltes, alors que les dernières tendances étaient très positives, qui plaçaient potentiellement le Brésil comme futur premier producteur mondial de soja avec plus de 82 millions de tonnes, les dernières estimations font état d’une récolte proche de 80 millions de tonnes. Ces inquiétudes viennent s’ajouter à celles sans doutes plus importantes qui prévalent sur l’Argentine. Les pluies annoncées la semaine dernière et qui avaient détendu le marché ont finalement été très limitées. La spéculation sur la sécheresse en Argentine est donc repartie de plus belle et apporte un soutien au marché. Pour ce pays, les dernières prévisions de récolte font état d’un volume qui passerait sous la barre des 50 millions de tonnes. Or d’après l’analyste OilWorld, la Chine, premier importateur mondial de soja, devrait importer sur cette campagne 2,8 Mt de plus que l’année précédente : en attendant le Brésil, le pays devra rester acheteur de soja nord-américain.
Vers un équilibre à long terme
Cette tension ponctuelle sur le marché du soja ne reflète pas l’équilibre des bilans à plus long terme. Car les quelques inquiétudes que l’on peut avoir sur les récoltes argentines ou brésiliennes ne doivent tout de même pas masquer le volume record qui, en dépit des aléas et des problèmes de soudure, devrait largement alimenter le marché dans les mois qui viennent.
Cette analyse largement partagée par les opérateurs explique l’écart important au niveau du marché entre le prix des marchandises immédiatement disponibles et celles cotées sur des termes plus éloignés.