Un libre service dans un « coin de Campagne »
Les Marchés : Quelle réflexion vous a amenés à monter ce projet ?
Sébastien Marquand :Avec mon épouse Anne, lorsque nous étions technico-commerciaux pour des entreprises spécialisées en nutrition animale, nous avons régulièrement constaté la déception de producteurs, la plupart du temps fabriquant leur aliment à la ferme, face au prix du marché alors qu'eux estimaient faire de la qualité. Avec la seconde crise de la vache folle, les consommateurs sont aussi devenus plus exigeants. Nous avons donc décidé de mettre en phase producteurs et consommateurs dans notre magasin, « Un coin de campagne» sur 200 mètres carrés de surface de vente. L'investissement nous est revenu à 600 000 euros.
Les Marchés : Ce magasin répond-il à un concept ?
Sébastien Marquand :Nous l'avons positionné exprès en périphérie de ville, et choisi Quimper après des recherches partout dans les principales villes de Bretagne. Nous avons une offre de produits frais venus directement d'agriculteurs de la région (viande, fruits et légumes) et de produits artisanaux, de conserve ou de biscuiterie. Pour nous distinguer des magasins traditionnels, nous apportons en plus un service d'information. L'identification de chaque producteur avec sa photo, le mode d'alimentation de ses bêtes pour un éleveur. Nous avons chaque mois à l'intérieur ou devant le magasin une animation, une rencontre entre producteurs et consommateurs. Près d'une centaine d'agriculteurs et d'entreprises nous fournissent dont 70 uniquement en frais : volailles, porc élevé sur paille, limousine en race à viande, fromages de chèvre de la région, yaourts artisanaux... Les produits d'épicerie, nous les sélectionnons aussi, en fonction de la taille de l'entreprise et de ses circuits de distribution.
Les Marchés : La clientèle est-elle au rendez-vous ? Comment réagit-elle devant votre offre ?
Sébastien Marquand : Comme prévu, les deux premiers exercices ont été difficiles. L'équilibre devrait être atteint cette année avec un chiffre d'affaires de 1,2 million d'euros (1,05 million en 2004). Notre offre de produits, plutôt « en bon, très bon », est complémentaire de celle du supermarché « Champion» qui se trouve de l'autre côté de la route. Nous sommes plus chers en viande de l'ordre de 15 à 20 %, mais aussi plus bas en légumes. La clientèle commence avec de jeunes mères qui se préoccupent de la nourriture à donner à leurs enfants, l'essentiel étant constitué de personnes d'une cinquantaine d'années. Contre toute attente, elles ne posent pas beaucoup de questions. Le concept de magasin les rassure, ils nous font confiance dans notre rôle de sélectionneur de produits. Depuis octobre 2004, nous leur apportons une autre réassurance. Tous nos produits de viande et de produits laitiers ont le logo « Bleu Blanc Cœur », c'est-à-dire que les animaux sont nourris avec de la graine de lin naturellement riche en oméga 3. Si nous parvenons à bien maîtriser notre concept, nous pourrions envisager d'en ouvrir d'autres. J'ai l'espoir que ça se fasse en 2006.