Un cadre aux promotions du porc à trouver d'urgence

> Les promotions contribueraient à écouler 47 % de l'offre en libre-service selon le Sniv-SNCP.
Les traditionnelles promotions de côtes de porc de la rentrée prochaine seront-elles les dernières de l'année ? L'hypothèse de deux périodes de promotions annuelles, l'une en janvier l'autre en septembre, est envisagée avec sérieux au Sniv-SNCP. Stéphane Le Foll a invité l'interprofession porcine à trouver un accord pour encadrer les promotions de viandes fraîches de porc avant la fin avril ; sans quoi il prendrait, par arrêté, la responsabilité d'une régulation.
Les industriels comme les distributeurs veulent conserver les promotions. Celles-ci contri-buent à écouler une grande part, aujourd'hui 47 %, selon le SNCP, de l'offre en libre-service. « Les gestionnaires de groupements sont les premiers à les demander lorsque les stocks sont trop importants, comme dans la période qui précédait Noël où à lui seul E.Leclerc a procédé au dégagement de 20 000 porcs », écrit Michel-Édouard Leclerc sur son blog.
« Les promotions à grand renfort de communication sont celles qui nuisent à la filière », commente Paul Rouche, directeur délégué du Sniv-SNCP. « Elles n'ont qu'un seul but, attirer dans les magasins ; elles font de la viande de porc un produit d'appel. » Et comme chaque distributeur veut être le moins cher, le prix peut descendre très bas, « ça attise la concurrence. Un rapport de prix de 1 à 3 éveille la suspicion des consommateurs et dégrade la valeur », déplore-t-il. En effet, on sera peu enclins à acheter une barquette pour 6,80 euros/kg en voyant la même viande en caissette pour 2 euros/kg. Mais la vente massive de caissettes de plus de dix côtes ou de plus de 2 kilogrammes cause le « syndrome du congélateur plein », comme l'appelle Paul Rouche. On n'achète plus pendant les deux semaines suivantes. L'effet « volume » des promotions est donc relatif.
Limiter l'écart avec le fond de rayonLa moitié des promotions ont lieu au cours des deux périodes annuelles pour lesquelles penchent les éleveurs et industriels, septembre et janvier, et toutes les enseignes sont au rendez-vous. La filière souhaite aussi limiter l'écart entre le prix bas et celui du fond de rayon. « Ayant dans la tête un prix normal d'environ 6 euros/kg, le consommateur ne ferait pas la différence entre 2 euros/kg et 3,5 euros/kg », assure Paul Rouche.
Voilà dix ans que le SNCP réclame une régulation des promotions avec les mêmes arguments. Si enfin il croit pouvoir aboutir aujourd'hui, c'est grâce à l'ultimatum du ministre de l'Agriculture et à la menace récurrente des éleveurs d'envahir les magasins. Le patron de E.Leclerc donne lui-même raison à Stéphane Le Foll de vouloir légiférer. Le Sniv-SNCP envisage l'extension d'un accord interprofessionnel avant le début de l'été. S. Carriat
La loi de 2001 sur les Nouvelles régulations économiques a imposé que l'inscription de l'origine des produits frais dans les pros-pectus soit aussi grosse que celle du prix. L'annonce de prix pour les fruits et légumes (ou les produits laitiers) est subordonnée à l'existence d'un accord interprofessionnel précisant les périodes et modalités des promotions ; accord qui peut être étendu, c'est-à-dire rendu obligatoire par la puissance publique. Un catalogue E.Leclerc pour la période du 8 au 18 avril propose de la rouelle de jambon en caissette de deux pièces à 2,75 euros/kg, de l'épaule sans os (par 2 kg minimum) à 3,24 euros/kg et des côtes (plus de dix) à 2,48 euros/kg. L'origine France saute aux yeux. Pour rappel, le distributeur est aussi abatteur. Fin mars, l'enseigne Leader Price proposait de la longe sans os d'Allemagne (à 3,49 euros les 600 grammes soit 5,82 euros/kg).