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Un Beaujolais nouveau sous contrôle

A quelques jours de la commercialisation du Beaujolais nouveau, le 16 novembre, les dirigeants de l’interprofession affichent leur volonté d’imposer une discipline accrue dans la mise en marché de vins à la qualité parfois controversée. Ghislain de Longevialle et Dominique Piron, portés en août à la tête d’Inter Beaujolais au terme d’un été syndical mouvementé, ont détaillé mercredi une série de mesures spectaculaires pour améliorer « le dispositif qualitatif du beaujolais nouveau ». Une tâche d’autant plus délicate que la fabrication et la commercialisation du célèbre primeur s’effectuent dans des délais très courts.

La première mesure est de lier l’agrément à la commercialisation. Depuis cette année, seuls les viticulteurs bénéficiant d’un contrat d’achat peuvent solliciter l’agrément de leurs vins, la procédure au terme de laquelle un vin obtient, ou non, l’appellation. Une manière de réguler le marché en ne l’inondant pas de vins qui devront être abandonnés à prix bradés. Il s’agit également d’impliquer davantage les acheteurs et les négociants. « Les acheteurs ont été obligés d’aller sur le terrain cette année, ce qu’ils ne faisaient plus assez », sourit Ghislain de Longevialle, le président d’Inter Beaujolais.

Des échantillons prélevés à l’embouteillage

Deuxième mesure, l’amélioration des conditions de dégustation d’agrément, avec l’informatisation des données et la création d’une session de rattrapage pour les vins ayant obtenu des notes médiocres, sur la base d’un prélèvement effectué chez le producteur, cuve par cuve.

Enfin, autre mesure importante, l’extension du suivi aval qualité (SAQ) pour les beaujolais nouveaux. Les contrôles étaient jusqu’à présent limités aux prélèvements aléatoires dans les linéaires. Cette année, 400 échantillons ont été prélevés en bout de chaînes d’embouteillage chez 150 opérateurs. « En cas de non-conformité avec la qualité des vins agréés, cela nous permet de « bloquer » des vins plus rapidement, avant leur arrivée sur le marché », précise Dominique Piron, le vice-président d’Inter Beaujolais.

En dernier recours et en cas de récidive, des signalements pourront être effectués auprès de la répression des fraudes.

Le maintien d’une qualité homogène du Beaujolais nouveau est un enjeu considérable pour le vignoble, qui compte deux appellations régionales (Beaujolais et Beaujolais Villages, dont sont issues les primeurs) et dix crus Brouilly, Chénas, Chiroubles, Côte de Brouilly, Fleurie, Juliénas, Morgon, Moulin-à-Vent, Régnié, Saint-Amour.. Le vin nouveau pèse en effet 35 à 40 % de la production totale du vignoble (près de 390 000 hl sur 1,1 million d’hectolitres, 51 millions de bouteilles). La mise sur le marché de primeurs médiocres, particulièrement les volumes achetés en vrac, peut entraîner une désaffection du marché comme en Suisse. Et de porter atteinte à l’image de l’ensemble des Beaujolais, dénomination dont l’interprofession aimerait faire un vecteur de communication commun, en particulier sur les étiquettes, pour faire bénéficier à tous les crus de sa notoriété.

L’avenir du vignoble passe par une amélioration qualitative de la production et une modernisation des exploitations. Mais celles-ci, souvent petites (6-7 ha en moyenne) et sur des terrains en pente difficilement mécanisables, n’ont pas toujours les moyens d’arracher et replanter. Des solutions d’aides au financement simplifiées sont à l’étude, en collaboration avec les établissements bancaires et les collectivités territoriales. L’amélioration des performances passe également par un renforcement des moyens commerciaux : formation des viticulteurs à la vente, regroupement des coop ou des maisons de négoce, stands collectifs dans les principaux salons internationaux des vins. Pour faire aboutir tous ces projets, Inter Beaujolais envisage de mettre en place un « cluster », sorte de pôle de compétences soutenu par les collectivités locales et éventuellement l’Union européenne.

Bientôt du Vin de pays

Pour relancer les ventes, les vignerons du Beaujolais ont décidé de s’engager aussi dans une démarche Vins de pays. Cette année, 3 500 hectolitres viennent d’être agréés dans le tout récent « vin de pays des Gaules », à 100 % Gamay, principal cépage du vignoble. Ils ont également intégré la zone des Vins de pays du Comté rhodanien qui autorise l’utilisation dans les assemblages d’autres cépages tels que le viognier ou la syrah. Une petite révolution, qui devrait cependant se faire en douceur car il faut ensuite trouver des débouchés.

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