Après avoir traité au plus haut, le complexe oléagineux a réagi à la nouvelle politique chinoise visant à calmer l’inflation. Trou d’air important, même si les fondamentaux restent porteurs. Les cours varient en fonction de l’actualité politique ou économique.
Le bilan du soja, offre et demande, se tend. Le 9 novembre dernier, le département américain de l’Agriculture (USDA) a baissé une nouvelle fois la production des États-Unis (- 0,9 million de tonnes), du fait de rendements finalement décevants, et a augmenté les prévisions d’importations de la Chine de 2 Mt (57 Mt). Les récoltes sud-américaines sont encore lointaines et incertaines du fait de La Niña et la hausse des prévisions en Argentine apparaît comme une volonté de stabiliser l’estimation des stocks mondiaux. Le marché a réagi ainsi essentiellement à la baisse des disponibilités aux États-Unis. Le 10 novembre, le prix des huiles végétales et des graines oléagineuses a atteint de nouveaux sommets, notamment sur les marchés de Dalian et de Chicago.
Inflation chinoise
Mais le gouvernement chinois est inquiet. L’inflation dépasse les objectifs fixés. La facture des produits alimentaires et de l’énergie fait planer la crainte du mécontentement social. La Chine cherche par tous les moyens à contrôler la hausse des prix, et en particulier celle des produits alimentaires. Hausse des taux d’intérêt avec pour objectif de limiter la spéculation sur les matières premières, au risque de freiner l’économie en général. Nouvelles annonces à l’encontre des spéculateurs sur les marchés financiers et perspectives de contrôles des positions. À quelques semaines de la fin de l’année, les financiers réagissent immédiatement en conséquence. Dans l’arsenal des dispositions chinoises pour freiner l’inflation, il faut s’attendre également à la remise de stocks de marchandises sur les marchés. 300 000 t de stocks d’huile de colza devraient être mises en vente prochainement selon certaines sources. Dans cette logique d’augmentation des disponibilités, il ne paraît pas raisonnable de craindre une baisse des importations et de la demande de la Chine, mais les acteurs du marché peinent à anticiper toutes les conséquences de l’intervention de l’État.
Incertitudes sur l’euro
À ces éléments nouveaux du côté chinois s’ajoutent de nouvelles incertitudes sur l’euro. Il n’en fallait pas tant pour que le dollar reprenne des couleurs. La hausse du billet vert a incité les opérateurs, qui avaient investi dans les matières premières pour se couvrir contre le risque d’inflation, à revendre leurs actifs. Le pétrole en subit les conséquences et enregistre une baisse brutale en quelques séances. Les huiles végétales font de même. Dans ce tourbillon d’évènements politiques et économiques, les prix baissent certes, mais font preuve aussi d’une certaine solidité qui confirme les fondamentaux haussiers actuels.
La tendance se confirme sur ce début de semaine. Certes, l’intervention de l’Europe auprès de l’Irlande rassure les marchés et redonne des couleurs à l’euro mais c’est le comportement chinois qui l’emporte dans les esprits et l’ensemble du complexe oléagineux demeure sous pression.