Trois scénarios pour 2020
Le poulet fermier, qui occupe aujourd’hui le quart du panier des ménages, se repliera-t-il dans les dix prochaines années sur un petit 10 % ou un minuscule 6 %, ou au contraire progressera-t-il vers un superbe 39 % ? Cela dépend de la direction que prendra la société de consommation. Si elle se dirige vers les prix bas et les produits pratiques, les achats de poulet iront massivement vers le standard, essentiellement sous forme de découpes et de produits élaborés à base de découpes importées. Si elle tombe sous le coup d’une alerte sanitaire majeure, une peste aviaire décimant les poulets élevés en plein air, le marché sera gagné pour moitié par des poulets sous critère certifié ; la part du Label Rouge et du bio se réduira à néant. Si enfin la société se fait plus citoyenne, les poulets sous signes officiels de qualité ou assimilés prospèreront, Label Rouge en tête. Ces visions prospectives sont celles du service économie de l’Itavi (Institut technique de l’aviculture). Elles ont été présentées le 31 mars à Angers par Pascale Magdeleine à la Journée nationale des volailles sous signe officiel de qualité. Les trois scénarios intitulés « prix et praticité », « angoisse sécuritaire » et « montée des attentes citoyennes », sont volontairement caricaturaux, a averti l’économiste. Ils sont établis à partir de la segmentation des achats de 2007 et sur la base d’une quarantaine d’entretiens (OP, industriels, restauration, grande distribution), réalisés au premier semestre 2008.
Disparition des découpes Label Rouge
Le scénario d’une « montée des attentes citoyennes », le plus flatteur pour les labels LR, CQC CQC : Critère qualité certifié. et biologiques, laisse des parts de marchés aux découpes et produits élaborés équivalentes à celles d’aujourd’hui. Les surcoûts engendrés dans le budget des ménages sont compensés par une baisse de la consommation de viande.
Le scénario « prix et praticité » promet la réduction des portions, la disparition des découpes Label Rouge et l’amenuisement de la filière biologique sans OGM. La viande certifiée sous MDD (marques de distributeur) laisse place aux labels privés. Le poulet Pac sous Label Rouge est réservé aux occasions festives. S’il représente encore 40 % des achats de pièces entières, cette catégorie se réduit à 23 % du panier de 2020.
L’expectative était de mise ce 31 mars à Angers. Tous les intervenants s’accordaient à considérer l’année 2008, et son phénomène de « déconsommation », comme atypique.
Le poulet bio pourrait gagner en compétitivité ces prochaines années, a noté Pascale Magdeleine, en assouplissant ses contraintes, pour peu que les céréales biologiques soient disponibles et que la grande distribution accepte de réduire ses marges. Certaines enseignes de hard-discount, un format en croissance, sont ainsi toutes prêtes à promouvoir la pièce entière biologique, peut-être comme unique alternative à la volaille standard. Le poulet entier Label Rouge devrait conserver sa place centrale, a-t-elle considéré. Son prix, rapporté au prix par portion découpée à domicile, demeure attractif, a fait valoir le Synalaf. « On va dans le sens du vent », a clamé Bernard Tauzia, président de la commission économie du Synalaf, en défenseur des fondamentaux actuels.