Triballat Noyal, industrie pilote de l'Iso 50001
> Didier Le Mauff, responsable technique et maintenance du groupe.
Selon l'Ademe, l'industrie est assise sur un gisement d'économie d'énergie qu'elle estime à 40 %. Dans l'agroalimentaire, ce sont les industriels de la viande et du lait qui sont les plus énergivores. « Généralement, les plus grandes entreprises s'en préoccupent », dit-on à l'Ademe. Elles disposent bien souvent de référents clés sur cette thématique. Leur engagement dans la démarche Iso 50001 sur le management de l'énergie ne ressemble en rien, en revanche, au succès rencontré outre-Rhin. Parmi les quelques entreprises engagées dans la norme, citons Triballat Noyal. L'industriel breton propriétaire des marques Sojasun et Vrai a choisi la voie de la norma-lisation Iso 50001 en 2013, qu'elle compte décrocher d'ici à la fin de l'année. Objectif : abaisser ses émissions de CO2.
« Dans un premier temps, nous avons constitué une équipe dédiée avec un comité de pilotage énergie », explique Didier Le Mauff, responsable technique et maintenance de l'ensemble du groupe (17 usines). « Notre action a été guidée sur trois axes : les usages ; l'obsolescence du matériel ; la veille technologique. » Triballat Noyal s'est rapproché de la startup rennaise Energy Efficiency qui lui a apporté la capacité d'analyse de toutes les données relatives à la consommation d'énergie de ses principaux sites de production. « Nous avons alors constaté de grandes disparités dans la production énergétique. La consommation variait selon les jours de fabrication. Nous analysons donc ces variations pour apporter d'éventuelles corrections. » L'industriel laitier a établi, courant 2015, des référents pour chacun des 22 ateliers. Des sessions de formation leur ont été proposées.
Triballat Noyal a réalisé l'an passé 250 millions d'euros de chiffre d'affaires (900 salariés), dont 20 % à l'export. Ses activités se répartissent à 50/50 entre le végétal (marques Sojasun et Sojade) et le lait (marques Vrai, leader de l'ultrafrais bio en France, Petit Billy, Merzer). « Et 50/50 entre le bio et le conventionnel », précise Olivier Clanchin, son président-directeur général. Le groupe travaille principalement à marque et réalise 60 à 70 % de son chiffre d'affaires sur ses deux sites principaux, Noyal-sur-Vilaine et Châteaubourg.
Quelques équipements ont été modifiés (compresseurs d'air comprimé dès son amortissement atteint) ou remplacés. Exemple : des leds ont été installées à la place des tubes néon sur la plate-forme logistique. Résultat, 30 % de consommation électrique en moins et 7 % de gain de place pour le stockage. « Nous allons maintenant demander un plan d'actions pour chacun des sites du groupe, normalement d'ici à la fin de l'été, poursuit Didier Le Mauff. Nous déterminerons alors quelles actions prioritaires nous devons mettre en œuvre. » Aucun budget n'a été établi pour ce dossier. Triballat Noyal préfère laisser ouverte la réflexion autour de la maîtrise de l'énergie plutôt que la contraindre dans un cadre budgétaire. « Nous savons que les investissements peuvent monter vite notamment s'il s'agit de construire une chaudière bois. » Les ressources financières seront débloquées en fonction de la pertinence du projet.
40 M€ d'investissementLe groupe a ouvert l'an passé un plan pluriannuel d'investissement de 40 millions d'euros dans lequel l'énergie aura sa part. Triballat Noyal espère décrocher sa certification d'ici à la fin de l'année. Employant plus de 250 salariés, il pourrait s'affranchir des audits énergétiques obligatoires pour les entreprises qui ne sont pas certifiées. Mais l'enjeu pour le groupe laitier va au-delà. Il a pour but de réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 20 % à terme, et en conséquence sa facture énergétique de 10 %. Il compte aussi valoriser son travail auprès du consommateur en renforçant l'affichage environnemental de ses produits. Le groupe rejoindra alors un autre industriel laitier, Sill qui a été certifié Iso 50001 l'année dernière.