Très hard, le discount
Le départ forcé de Daniel Bernard de la tête du groupe Carrefour cristallise le paradoxe de la grande distribution française. Très performantes à l’étranger où elles ont réussi depuis 20 ans à exporter le modèle de l’hypermarché, les grandes enseignes françaises sont aujourd’hui à la peine... en France. Ce sont en effet les piètres performances des grandes surfaces alimentaires, dont Carrefour a été l’inventeur en 1963, qui ont fait chuter le p-dg du n°2 mondial de la grande distribution. Certes, l’enseigne a connu des difficultés ces dernières années à conserver son image de discounter et perdu des parts de marché sur ses concurrents. Mais c’est le format de l’hypermarché en général qui connaît en France un réel affaiblissement. Cette tendance est à nouveau confirmé par une étude Tns Secodip à paraître en avril prochain, dont l’institut de statistiques a fait connaître les premières tendances. Il en ressort que les magasins de hard-discount (Lidl, Aldi, Ed -qui appartient à Carrefour- et Leader Price) ont encore grignoté l’année dernière des parts de marché en valeur, passant de 11,8% en 2002 à 13% en 2004. Selon la même étude, le hard-discount aurait aussi gagné plus de 2,8 millions de foyers clients en 4 ans. Il reste que les tourments actuels de la distribution française en France ne sauraient faire oublier l’extraordinaire développement de Carrefour sous le mandat de son ex-patron. Comme Daniel Bernard l’a fait remarquer avec un peu d’amertume avant de s’en aller, le parc des magasins Carrefour a tout de même été multipliéen 12 ans par 20, le nombre des hypermarché par 4 et le nombre de collaborateurs est passé de 76000 à 420 000. Pas mal, quand même.