Tout ça… pour ça !
Emmanuel Macron devait résoudre le problème des relations commerciales déséquilibrées en France dans la filière agroalimentaire et redonner de la valeur aux productions agricoles. Son projet de campagne pour le secteur avait suscité beaucoup d’espoirs aux opérateurs qui s’étaient engagés sans compter dans les moultes réunions des états généraux de l’alimentation. Tout ça, pour quoi ? Le texte résultant des débats à l’Assemblée nationale semble complexifier les relations commerciales, en imposant aux producteurs une proposition de contrats relativement complexe. Et si le seuil de revente à perte est relevé, Michel-Édouard Leclerc n’a pas tort quand il dit que rien ne garantit que ce supplément de marge au niveau de la distribution reviendra aux agriculteurs. Par ailleurs, les revirements de certains députés, le rapporteur Jean-Baptiste Moreau en tête, sur différents points ont de quoi laisser perplexe. Avec en premier lieu bien sûr le retrait de son propre amendement proposant de sortir les produits agricoles et alimentaires des négociations commerciales annuelles. Alors qu’il avait suscité beaucoup de remous, pour ne pas dire une franche inquiétude chez certains opérateurs de la filière, le député creusois justifie cette volte-face en expliquant que son objectif « était, avant tout, d’inviter les opérateurs économiques à réfléchir à un système que personne n’ose remettre directement en cause alors qu’il n’existe pas dans les autres pays européens ». Et d’avouer qu’une telle réforme imposait toutefois une réflexion au long cours. Le même député a étrangement amoindri le concept de name and shame introduit dans la loi en le soumettant à l’autorisation des parties concernées. Quel intérêt alors ? Pire, les opérateurs agricoles qui se plaignaient d’être soumis à de nombreuses contraintes se voient soumis à de nouvelles. Comme l’étiquetage pour certaines denrées alimentaires dès janvier 2023 de différentes mentions comme « nourri aux OGM », le mode d’élevage ou encore « le nombre de traitements, par des produits phytosanitaires sur les fruits et légumes frais ». On est loin du grand soir pour les filières agricoles… Ce serait même plutôt le début de nouveaux embêtements…, et je reste polie !