Toury : conséquences d’une reprise-surprise
        
      
      
      Les quatre acquéreurs du groupe laitier auvergnat Toury auront à débourser 48 millions d’euros pour son rachat, mais la somme pourrait bien atteindre les 80 millions d’euros en incluant le passif, indique-t-on ces derniers jours de source proche du dossier. En accord avec le tribunal de commerce de Clermont-Ferrand, qui a donné son feu vert samedi dernier (LM du mercredi 2 mai), les repreneurs regroupés l’ont emporté sur Lactalis, leader européen des produits laitiers, mais n’en ont pas moins à respecter certains engagements. Comme le maintien de 100% des salariés des unités du groupe, mais aussi du règlement à 100% des créances dont 6 millions d’euros vers les producteurs.
Incidences et dépendances
Le quatuor de partenaires –Fromageries Dischamps, Leche Pascual, Glac, Vitagermine- s’est partagé entreprises et filiales. Le premier, dont le siège est à Sayat (63), prend le contrôle de Tallende, de la SARL La Grioni, des laiteries de Montagne, de Mauriac et du Haut Cantal, des sociétés laitières d’Ussel et de Haute-Corrèze. Le Glac picto-charentais (siège à Surgère, en Charente-Maritime) s’occupera désormais des Ets Toury à St. Geneix (63), de la SARL Cardry (22) tandis que l’Espagnol Pascual, leader laitier en son pays, contrôlera la société Cidou dans le Bas-Rhin. Quant à Vitagermine, elle reprendra l’activité nutrition infantile de la Silam de Mérinchal en Creuse, tandis que l’embouteillage de cette même société ira au Glac.
Cette stratégie s’accompagnera de plusieurs aménagements structurels et aura des conséquences pratiques. Le perdant Lactalis, devrait récupérer les 5 millions d’euros versés pour payer les producteurs après l’ouverture de la procédure. Il espérait ainsi se positionner favorablement. Une société commune, alliant le Glac à Dischamps, sera constituée afin d’assurer la collecte de lait, tandis que la réorganisation des neuf sociétés composant l’ex-groupe Toury devrait se concrétiser. Jean-Luc Dischamps, directeur des fromageries éponymes, l’a d’ailleurs précisé lors de sa visite en début de semaine à Saint Nectaire. « Chacun est repris avec son salaire, ses avantages, son ancienneté,a-t-il assuré. Mais l’ancienne structure, très opaque, nous oblige à repenser l’organisation, dès que nous saurons exactement qui travaille, où, et pour qui.»
Les problèmes risquent effectivement de se multiplier pour les nouveaux dirigeants, confrontés au fonctionnement atypique de l’entreprise. L’outil de travail devra être rénové dans certaines filiales, tandis qu’il faudra s’assurer de l’approvisionnement pour le faire tourner. C’est le cas en Auvergne où les besoins sont estimés à 800 000 litres de lait hebdomadaires par le Glac - qui en apporte lui-même 175 000 - , alors que certains producteurs, inquiets précédemment des risques de non-paiements sont partis vers d’autres clients.
Cette reprise rassure cependant les 44 employés de la Silam Creusoise, seul fabricant Français de pots pour bébés à base de fruits bio, dont la particularité à séduit Vitagermine, PME bordelaise de 35 salariés. Elle reprend l’ensemble pour 500 000 euros et prévoit déjà de l’optimiser en l’agrandissant tout en créant de nouveaux emplois.
 
        
     
 
 
 
 
 
