Tomates d’industrie : une filière en sursis
Avec environ 120 000 tonnes contractualisées, la récolte de tomates d’industrie sera cette année encore en recul et bien en dessous du seuil de 400 000 tonnes accordé par l’Union européenne. En 2005, 158 000 tonnes étaient entrées dans les usines, marquant un décrochage très net (-30%) avec 2004 à 222 500 tonnes. « La dégradation se poursuit, déplore Pascal Lenne, secrétaire général de la Sonito. En sept campagnes, nous avons perdu près de 220 000 tonnes et le nombre de producteurs est passé de 975 à 273. 2004 a été une année catastrophique qui a accentué le déclin de la filière française, 2005 l’a confirmé.»
Les apports aux usines ont régressé dans toutes les régions, en particulier en Provence qui affiche -35%. De ce fait, la production nationale est répartie en proportion égale (50/50) entre le Sud Est et le Sud Ouest. Avec ses faibles volumes, des outils industriels obsolètes ou en partie désarmés, le manque de compétitivité de la filière française fragilise sa position sur les marchés.
Cette année, la production mondiale est annoncée en recul à 31 millions de tonnes, contre 32 millions de tonnes en 2005 et 36Mt en 2004. Cependant, c’est l’état des stocks qui va dessiner les tendances du marché : s’ils sont peu importants, une embellie peut être envisagée, dans le cas contraire, ils peuvent peser sur le marché encore plusieurs années. Une réduction du potentiel est également annoncée en Europe où, depuis deux ans, l’Espagne et l’Italie ont fait exploser leurs seuils nationaux et le seuil européen. L’Espagne a réalisé une récolte record en 2005 à 2,8Mt et l’Italie en 2004 à 6,4Mt. De ce fait, ces deux pays vont être pénalisés cette année par une baisse des aides communautaires. Mais ce sont ces aides directes à la production qui sont au cœur des préoccupations de la filière.
« Non au découplage total des aides»
Sous cette forme, l’Union européenne envisage de les supprimer dans le cadre de la réforme de l’OCM F&L transformés. L’enjeu pour la filière française est de trouver un montage afin de préserver une manne d’environ 10 millions d’euros par an. « Nous avons proposé un schéma d’attribution, soutenu par l’Anifelt, calqué sur les grandes cultures : 75% d’aides découplées et 25% d’aides recouplées, reprend Pascal Lenne. C’est le montage qui nous paraît le plus cohérent pour permettre aux industriels et aux producteurs qui le veulent de continuer. En revanche, si la Commission va vers un découplage total, c’est la fin de la filière tomate d’industrie en France.»