Tereos : diversifier et investir pour faire face à l’avenir
L’assemblée générale des délégués de section du groupe sucrier coopératif SDHF, implanté à Lillers (62), a ratifié à une très large majorité sa fusion avec le groupe sucrier Tereos le 26 janvier dernier. Le regroupement ainsi opéré permet à Téréos de se hisser à la seconde place des sucriers européens, très loin cependant derrière son concurrent allemand Südsucker. Quelques voix se sont élevées dans la campagne pour s’interroger sur la pertinence d’un tel rapprochement, notamment du côté de l’association des producteurs de betteraves (APB). Mais les huit assemblées de sections, qui se sont déroulées dans la première quinzaine de janvier, ont néanmoins abouti le 26 janvier à un accord sur la fusion obtenu à la quasi-unanimité des voix des délégués. La fusion avait été envisagée par le bureau de SDHF dès le 16 août 2005 ( voir LM du 18 août).
L’entrée de SDHF dans Tereos ne pouvait pas mieux tomber : le panel déposé et gagné à l’OMC par le Brésil, la Thaïlande et l’Australie ainsi que l’adoption du nouveau règlement sucre vont contraindre les sucriers européens à faire face « à une forte baisse des prix (-36% en quatre ans), à une limitation des quantités produites et à une interdiction d’exporter !», a souligné à cette occasion Philippe Duval, le président du directoire de Tereos. Son groupe s’y était préparé depuis longtemps et avait anticipé les nécessaires restructurations.
« Si dans l’amidon, les quatre principaux acteurs européens représentent 80% du marché, dans le sucre, il n’y a qu’un groupe qui dépasse les 10% ! », a fait remarquer Gérard Clay, président de SDHF et nouveau vice-président du conseil de surveillance de Tereos avant d’ajouter : « nous donnons aujourd’hui le départ d’ une nouvelle série de concentrations !».
Tereos a donc affiné sa stratégie et parle plus que jamais de diminution de prix de revient, de baisse des coûts unitaires et de nouvelles répartitions entre production de sucre et d’alcool. « Si nous sommes aujourd’hui dans un rapport sucre/alcool de 85/15 avec un objectif de 65/35 à trois ans, il n’est pas exclu que l’on puisse tendre à terme à un rapport de 50/50 comme au Brésil», a précisé Philippe Duval. Les décisions politiques seront à cet égard décisives.
Un premier pas en Afrique
C’est pourquoi le président de Tereos a annoncé officiellement la construction de sa nouvelle distillerie d’Origny (02). Tereos attend également avec beaucoup d’impatience l’annonce des agréments supplémentaires pour lancer la construction de sa deuxième usine de bioéthanol de Lillebonne (76) près de Rouen.
Diversification des produits bien sûr, mais également répartition des risques sur l’ensemble de la planète. Tereos ne néglige aucune opportunité : déjà implanté en Europe de l’Est (il vient de racheter une nouvelle sucrerie en République Tchèque), puis au Brésil (il doit y construire une troisième usine pour une mise en service en 2008) et à La Réunion, le groupe d’Origny-Saint-Benoîte (02) vient de s’associer à un sucrier de Maurice pour construire une nouvelle sucrerie au Mozambique. 20 millions de dollars d’investissements pour une capacité de 80 000 tonnes et peut-être des visées à terme sur l’Afrique du Sud !
« Nous sommes le premier sucrier européen à prendre une participation dans les PMA» a expliqué P. Duval. Précurseur dans sa stratégie d’implantation à l’Est dès 1990, le patron de Tereos s’implante dans les PMA en prévision de 2009 où l’ouverture des frontières sera totale. Après avoir osé passer de l’alcool de synthèse au bioéthanol à partir de blé et de betteraves, et oser traverser l’Atlantique ou s’implanter à l’Est, Tereos ose investir dans les PMA.
En chiffres Le chiffre d’affaires consolidé de Tereos s’élève en 2004/2005 à 1,755 milliard d’euros (+2,7%) tandis que le résultat d’exploitation avant complément de prix passe de 170,7 à 139,9 millions d’euros, pénalisé par l’activité sucre France. Le résultat net du groupe avant paiement des compléments de prix ressort à 61,3 millions d’euros contre 50,8 en 2003/2004. Après la fusion avec SDHF, Tereos regroupe 14500 planteurs et dispose de 40% des quotas sucre nationaux. Il emploie 4400 salariés permanents et produit 2,85 millions de tonnes de sucre et de glucose.