Tereos affiche des résultats très dégradés

Tereos vient de présenter un dernier exercice aux résultats financiers fortement dégradés. Le chiffre d'affaires 20142015 (4,3 milliards d'euros) est en recul de 8 % et le résultat net plonge de 90 % passant de 176 à 17 millions d'euros (M€). Quant à l'Ebitda, il s'affiche à 453 M€, en recul de 35 %, soit une marge opérationnelle passant de 15 % à 10,5 %. Cependant, la dette nette est stable depuis 2009 et se situe autour de 2 milliards d'euros.
Selon Alexis Duval, les concurrents allemands (Südzucker et Nordzucker) décrochent encore plus nettement en voyant leur niveau de marge opérationnelle proche de l'équilibre. Le président du directoire de Tereos se montre donc « plutôt satisfait de la résistance de ses résultats 2014-2015 ». Néanmoins, Standard & Poor's a abaissé le 2 dé-cembre 2014 la perspective du groupe Tereos de « positive » à « négative », tout en confirmant sa note de long terme à « BB+ » qu'elle a abaissée le 5 mai 2015 à « BB ». En raison de la faiblesse des cours du sucre tout en l'assortissant d'une perspective stable, « car la génération de trésorerie de Tereos pourrait se stabiliser dans les douze prochains mois », souligne Standard & Poor's. Pour l'exercice 20152016, « on anticipe un environnement difficile sur les activités sucrières européennes, car les cours se sont stabilisés à un peu plus de 400 euros/t. On espère que nos efforts d'investissement nous permettront de rencontrer une dégradation limitée, mais on s'attend à une seconde année difficile », a-t-il prévenu.
Ces mauvais résultats reflètent un environnement de marché très dégradé, notamment en Europe où les prix du sucre et de l'éthanol ont poursuivi leur baisse. Les stocks mondiaux sont au plus haut depuis plus de dix ans et les cours mondiaux au plus bas depuis quatre ans. En Europe, les prix du sucre sont passés de 730 à 400 euros/t en l'espace de deux ans pour atteindre en mars 2015 leur plus bas historique (475 €/t). Et le prix de l'éthanol est au plus bas, avec un cours actuellement situé à 476 euros/m3 (moyenne 2014-2015), un niveau largement corrélé à la baisse des prix du pétrole, rendant l'alcool de synthèse plus compétitif.
Tereos investit dans la valorisation de la biomasse et dans la chimie verte. Après l'usine d'Artenay (45), le groupe a démarré une nouvelle unité de méthanisation de vinasses en septembre 2014 en République tchèque à Dobrovice. À Lillebonne (76), le projet Ecostu'air mené avec Suez vise à recycler les déchets des 360 communes environnantes. En matière de chimie verte, Tereos mène des recherches avec l'IFP et Michelin pour substituer une partie des composantes du pneu. Après avoir mené avec succès les essais de préindustrialisation de production de bioéthanol de 2de génération (projet Futurol), Tereos va construire en 2016 un prototype industriel dans son usine de Bucy-le-Long (02). Enfin, Tereos vient de signer avec le Hollandais Avantium des accords permettant de produire des bioplastiques (PEF). Une étude de faisabilité d'une unité industrielle à Lillebonne est en cours.
Dès septembre 2014, Tereos avait déjà prévenu ses coopérateurs d'une telle dégradation, envisageant à l'époque des prix moyens de vente pour la campagne 20142015 «inférieurs à la pire situation vécue en 2008». Malgré cet «environnement adverse», les dirigeants de Tereos, désormais 3e sucrier mondial, expliquent ne pas vouloir infléchir leur stratégie.
Investissements dans la cogénération« Nous poursuivrons nos efforts d'amélioration de notre compétitivité en Europe, dont les marchés seront de plus en plus ouverts et volatils dès 2017, et chercherons à saisir toutes les opportunités liées aux développements des marchés émergents. Ne serait-ce que parce que les consommations mondiales de sucre et d'amidon sont toujours en croissance », a précisé Alexis Duval.
Le plan d'investissement engagé au Brésil en 2010 porte ses fruits : 99 % de la récolte est désormais automatisée, et la plantation l'est à 76 %, ce qui permet à Tereos, deuxième producteur de sucre au Brésil, d'afficher des rendements agricoles supérieurs de 15 % à ceux de la profession du pays. En outre, Tereos a beaucoup investi dans la cogénération, ce qui doit lui permettre de produire très vite 1,2 gigawatt-heure d'électricité par an. Par ailleurs, en offrant un avantage indéniable aux exportateurs, la chute du réal brésilien lui est favorable.
Seule planche de salut à court terme: les produits amylacés. Même si le marché est stable en Europe, où l'on observe par ailleurs des surcapacités industrielles, il est en forte croissance en Asie (66% de la consommation mondiale) ainsi qu'au Brésil. Cela n'empêche pas Tereos de renforcer son activité amidonnerie à base de pommes de terre en France. Le groupe, qui représente 45% de l'activité féculière française, doit notamment doubler la production de son site d'Haussimont (51).
Tereos prévoit aussi d'engranger en 2015 les premiers retours sur investissement de ses implanta-tions chinoises et malaisiennes débutées en 2010-2011. La production mensuelle chinoise de sirops de glucose sera multipliée par cinq à Dongguan et par trois dans celle de Tieling d'ici décembre 2015. « En Indonésie, on a la possibilité de doubler la capacité de notre site et de diversifier la gamme de produits d'ici à 2016 dans notre usine malaisienne de Cilegon. Le maître-mot de notre stratégie demeure le renforcement de notre compétitivité. Notre plan de performance devrait nous permettre de baisser notre structure de coûts de 100millions d'euros d'ici à 2017», a ainsi souligné Alexis Duval.
Montée en puissance dans le négoceC'est également une des raisons de la montée en puissance de Tereos dans les activités de négoce, avec la création de Tereos Commodities, activité de négoce et de distribution de sucre basée à Genève, permettant de consolider toutes les activités négoce dans une structure commune.
Tereos vient également de racheter Napier brown sugar limited, le troisième opérateur de Grande-Bretagne qui y possède une part de marché de 25 %. Ce qui va lui permettre d'avoir accès à un nouveau réseau commercial, logistique et aux activités de conditionnement dans la perspective de l'après 2017.