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Synutra : un investissement colossal pour une gigantesque usine

L’industriel chinois Synutra International, Inc. vient d’inaugurer sa première usine, via sa filiale Synutra France à Carhaix. Un investissement de 170 millions d’euros, pour une usine capable de produire jusqu’à 100 000 tonnes de produits infantiles, principalement pour le marché chinois.

Troisième opérateur de l’empire du Milieu dans le secteur des baby foods (517 millions d’euros de chiffre d’affaires, quatre usines, 12 000 collaborateurs), coté au Nasdaq américain depuis 2005, Synutra International, Inc. prévoit de faire rapidement monter en puissance son outil breton de Carhaix. Les 100 000 tonnes de fabrications annuelles pourraient être atteintes d’ici douze à dix-huit mois pour un chiffre d’affaires d’au moins 500 millions d’euros. Synutra transforme en année pleine 288 millions de litres de lait collectés auprès de 800 élevages par la coopérative Sodiaal. Le contrat court sur dix ans. Le lactosérum déminéralisé provient d’Eurosérum qui lui en fournit 24 000 tonnes par an, et de Laïta (6 000 tonnes). Pour l’heure, ce lactosérum déminéralisé est acheminé sec par route des fromageries de Sodiaal et Laïta en Bretagne. Mais à partir de 2018, Eurosérum déminéralisera le lactosérum sur place (lire encadré).

L’histoire de l’usine Synutra en Bretagne commence en 2008 quand éclate en Chine le scandale du lait contaminé à la mélamine. La défiance des consommateurs convainc Synutra International, Inc. de délocaliser une partie de sa production de baby foods dans un bassin laitier réputé pour la qualité de ses produits. Il se tourne vers Entremont (filiale de Sodiaal aujourd’hui) avec lequel il collabore depuis de nombreuses années via l’importation de lactosérum déminéralisé d’Eurosérum, à l’époque filiale d’Entremont et aujourd’hui dans le giron de Sodiaal. Christian Mazuray est alors directeur général d’Entremont. Carhaix va s’imposer parce que « la ville se situe dans un important bassin laitier de Sodiaal et qu’elle possède une culture industrielle laitière, avec une usine Entremont prochainement fermée », indique Christian Mazuray. Synutra France voit le jour en 2012, le premier coup de pelle du chantier est donné en janvier 2014.

Deux ans et huit mois vont donc s’écouler avant le coupé de ruban officiel, le 28 septembre, dans une ambiance festive (feu d’artifice) en présence de six cents invités dont un tiers de Chinois, très sensibles aux symboles de la numérologie. Le 8 étant en effet le chiffre de la chance et de la prospérité dans la culture chinoise, l’inauguration a eu lieu à 10 h 08 et il y avait pas moins de huit intervenants sous le chapiteau. Au-delà des symboles, c’est une usine particulièrement moderne qui a été inaugurée. Un outil pour lequel bien des superlatifs ont été employés. « C’est la seule usine au monde capable de conditionner intégralement la production sur place », s’exclame Christian Mazuray, président de Synutra France. L’essentiel de ces produits sera destiné au marché chinois, mais pour partie pourra être orienté vers d’autres marchés selon les opportunités commerciales.

Éviter la moindre source de contamination

C’est aussi une usine de haute technologie « dotée des équipements les plus performants au service des produits les plus élaborés », souligne dans un français impeccable le PDG de Synutra International, Inc., Zhang Liang. Synutra positionne ses lignes de produits (Dutch Cow pour l’aliment enfant avec plusieurs gammes selon l’âge, et Youbo pour la ligne adulte) sur un segment haut de gamme sur le marché chinois. Le fait de fabriquer des produits infantiles directement à partir de lait frais doit donner un avantage qualitatif aux poudres de Synutra, une fois rendu sur le marché chinois, même après 42 jours de voyage en porte-conteneurs. « Dans cette unité, le niveau d’hygiène requis est tout proche de celui de l’industrie pharmaceutique », précise le directeur du site, Pascal Delannoy. Dès la réception du lait (800 000 à 900 000 litres par jour), l’or blanc suit un parcours où les salariés (200 actuellement, 350 d’ici à la fin 2017) sont éloignés des zones de transformation.

Une dizaine de conteneurs partent chaque jour

« Pour l’essentiel, ils sont dans des cabines de pilotage des process », informe Pascal Delannoy. Les aménagements intérieurs ont été conçus pour éviter la moindre source de contamination bactériologique. « L’intérieur de l’usine ne comporte aucun angle, les corps creux sont bannis et les câbles électriques sont systématiquement détachés des murs pour optimiser la nettoyabilité du site », ajoute le directeur général de Synutra France, Patrick Bischofberger. Les différentes lignes de produits peuvent être conditionnées en big bag (1 tonne), en sacs de 25 kilogrammes ou boîtes de 900 grammes à 1 kilogramme à la cadence de 300 boîtes à la minute. Les expéditions par conteneurs du stock de Synutra (8 000 palettes) vers le port de Brest puis vers la Chine ont déjà commencé. À pleine charge, une dizaine de conteneurs prendront la route chaque jour vers une zone de stockage sur le port de Brest avant chargement à bord d’un navire. Quant au projet d’usine de lait UHT, Synutra France y travaille.

Au côté de Synutra, l’outil d’Eurosérum

Conformément au contrat signé entre Sodiaal et Synutra, une usine de déminéralisation du lactosérum va être construite par Eurosérum directement sur le site de l’usine. 16 M€ vont y être investis pour disposer d’une unité de déminéralisation du lactosérum de 24 000 t par an, opérationnelle au début 2018. Actuellement, Eurosérum livre le même volume à partir des unités de séchage de Malestroit, Quimper et Carhaix – cette dernière devant être fermée lorsque la nouvelle usine sera opérationnelle. Objectif : « disposer d’un lactosérum déminéralisé le plus frais possible et de qualité constante », explique Yves Rambaux, PDG d’Eurosérum, leader mondial du lactosérum déminéralisé à destination du marché infantile (plus de 500 M€ de CA, 320 000 t de production sortie de 16 usines dont 26 tours de séchage).

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