Sylvestre est-il rural ?
Il y a des journalistes qui prennent plus de risques que d’autres, on ne le sait que trop en ce moment. Il y en a même qui s’exposent bravement au danger… qu’on pouffe dans leur dos, et qu’on fasse les gorges chaudes de leur goût pour les belles décorations ou pour les « ménages » un peu huppés. Jean-Marc Sylvestre, 58 ans, qui va présider la commission d’orientation pour le débat « Agriculture, territoires et société » installée récemment par Hervé Gaymard, fait preuve pour sa part d’une extrême témérité. On félicite le confrère, qui ne craint pas de mettre sa carte de presse et sa courte notoriété au service de la politique du moment, pour peu qu’elle se chamarre du titre de débat d’idées. On n’est pas certain que ce né-natif d’Alençon fasse dans le petit-point en ce qui concerne l’agriculture, mais enfin, on prend ce qu’on a. Le collaborateur de TF1 est présenté par le communiqué ministériel comme un « agitateur d’idées ». C’est une façon de voir la vie et l’œuvre de ce spécialiste assez terne qui n’a, à notre connaissance, jamais agité grand-chose. Il serait aussi « l’auteur de nombreux ouvrages ». Ah bon ? A part deux titres lointains et vite oubliés, «La France bancale» en 78 et «l’État patron» en 84, il a surtout publié deux « guides» sur les structures européennes. Tout ça ne fait pas « de nombreux ouvrages » ou alors l’annuaire du téléphone est un chef-d'œuvre de la littérature. On s’étonnera également que cette commission ne comporte aucun représentant du commerce artisanal, alors qu’elle fait la place belle à l’industrie et à la grande distribution. A la place des bouchers, charcutiers, boulangers, épiciers et autres petits commerçants des zones rurales, on ne serait qu’à moitié rassuré. Ils ne représentent peut-être plus grand-chose, mais les 15 ou 18 % de parts de marché qui les font encore vivre et animer les villages sont bonnes à prendre.