Sur les « profiteurs »
Les attaques parues ces derniers jours sur « les profiteurs de la Pac » méritent quelques observations. La plupart des articles insistent sur le hit parade des aides les plus élevées (où, soit dit en passant, les Britanniques figurent en bonne place). C’est évidemment le plus spectaculaire, mais cela occulte le fait principal : c’est qu’une très large partie des exploitations françaises bénéficie d’aides européennes et qu’une majorité parmi elles ne pourraient survivre sans ces soutiens qui viennent compenser les baisses de prix. Ceux qui, dans le monde agricole, ont contribué à lancer cette campagne, semblent d’ailleurs se rendre compte que le discrédit a de fortes chances de retomber sur le principe même des soutiens. La Confédération paysanne, qui a diffusé à la presse mi-octobre un document à sensation intitulé « Les aides à l’agriculture, autopsie d’un scandale » essayait cette semaine de redresser la barre en appelant « le gouvernement français et l’Union européenne à ne pas instrumentaliser les excès de la Pac au ‘bénéfice’ de son démantèlement pur et simple ». Il ne fait guère de doute que ce soit pourtant bien là l’objectif poursuivi par certains, comme cette « German Marshall Funds of United States » qui a contribué ces derniers jours à alimenter les media en informations sur le sujet. Dernier commentaire : on ne peut s’empêcher d’être frappé par ce goût soudain pour la transparence des portefeuilles. Elle va peut-être aboutir, et c’est tant mieux, à un certain plafonnement des aides Pac. Mais que diraient nos concitoyens si les journaux s’en venaient à menacer de publier les noms et adresses de tous ces « profiteurs» d’allocations, niches fiscales et avantages en tout genre que les Français sont tous un peu.