Sucre : le poids de l'excédent influe sur les prix
Dans un contexte quasi général de forte hausse des prix des matières premières agricoles, le sucre est l'une des rares d’entre elles à afficher une tendance faible et des fondamentaux baissiers, pour la simple raison que ses prix ploient sous le poids de l'excédent ce qui constitue, cette campagne, une sorte d'exception.
La dernière note du SCEES sur la situation des grandes cultures (que nous avons déjà commenté la semaine dernière pour les secteurs céréales et oléoprotéagineux) prévoit une récolte de betteraves industrielles de 32,1 Mt contre 29,9 en 2006, soit + 7,4 % sur 2006, en raison d'une légère augmentation des surfaces, mais surtout du rendement, en progression de 4 % à 81,7 t/ha. L'observateur FO Licht table sur une production française de sucre (valeur blanc) de 4,2 Mt contre 3,6 en 2006-2007. Cependant, selon la même source, la production globale de l'UE à 27 serait pratiquement identique à celle de la précédente campagne, malgré une baisse des surfaces au niveau européen de l'ordre de 5 % mais un rendement en hausse grâce à des conditions climatiques très favorables, ce qui n'a pas été le cas pour les autres grandes cultures précitées.
Un nouveau record de production en Russie
A l'est, la Russie attend un nouveau record de production après celui de 2006, avec 3,6 millions de tonnes et la production ukrainienne est également revue en hausse à 1,8 Mt. Au plan mondial, l'OIS (organisation mondiale du sucre) estime la campagne 2007-2008 à 169,6 millions de tonnes, en hausse de plus de 4 Mt par rapport à la précédente. L'Inde prendrait la tête des producteurs mondiaux avec 33,2 Mt (valeur sucre brut) et chercherait à écouler 3 Mt à l'exportation après avoir réalisé 1,5 Mt en 2006-2007. Le Brésil atteindrait une production record de 32,4 Mt, d'autres records étant envisagé en Chine, au Pakistan, en Thaïlande (qui compte aussi sur des exportations record de 5,5 Mt) et en Indonésie. Toutes ces prévisions font que l'OIS, bien qu'estimant la consommation mondiale en hausse de 2,3 %, à 158,8 Mt, conclut à un excédent de 10,8 Mt.
Une telle prévision de surplus pèse donc sur les cours qui ont atteint leur plus bas étiage en mai à 186,3 $/t pour le sucre roux à New-York. Ils sont repartis à la hausse fin juillet à 227,3 $/t profitant de l'envolée des matières premières, pour retrouver la baisse début août (voir cotations par ailleurs). Les analystes de la CGB (confédération des planteurs de betteraves) constatent que les cours du sucre blanc ont marqué une évolution différente, stagnant autour de 315 $/t en juillet pour accuser par la suite une forte baisse ramenant les cotations à 260 $/t à la mi-septembre.