Sucre : des mesures pour accélérer la réforme
Le 26 septembre, la Commission européenne a confirmé la mise en place d’un dispositif complémentaire à la réforme de l’OCM sucre pour accélérer cette dernière. Sur un objectif de réduction de la production de 5 à 6 millions de tonnes, seul 1,8 million de tonnes a été réalisé et des efforts supplémentaires sont attendus.
Un retrait préventif de 13,5% du quota français a ainsi été décidé en mars dernier, mais cette mesure appliquée à de nombreux pays ne devrait pas être suffisante. Pour inciter la filière à abandonner totalement ou partiellement ses volumes, une réévaluation de l’aide planteurs et fabricants a été décidée pour la campagne 2008-2009 uniquement, d’un montant de 35 euros par tonne.
Additionnée aux 3,2 euros par tonne accordés lors d’une non-fermeture d’usine et aux 9,2 euros en cas de fermeture prévue, cette réévaluation correspond environ au prix de la betterave, soit un an de chiffre d’affaires. « Nous disons aux planteurs que s’ils souhaitent se retirer, c’est l’année où jamais »a indiqué hier Alain Jeanroy, directeur général de la Confédération générale des planteurs de betterave.
5 %à 6% de planteurs en moins ?
Ce coup de pouce financier est rendu possible par les sommes versées au fonds de restructuration de la filière sucre, mis en place pour accompagner les abandons de production. Compte tenu des volumes à indemniser moindres que ceux espérés, une revalorisation a été rendue possible. En complément, un plan « initiative planteur » a été mis sur pied, des planteurs volontaires pouvant décider d’abandonner des droits, dans la limite de 10% des quotas de chaque entreprise. Ce plan sera opérationnel du 30 octobre au 30 novembre, sur le principe du premier arrivé premier servi. Cette nouvelle incitation vise à abandonner le maximum de production d’ici 2010, car à cette échéance la Commission européenne opèrera une coupe finale de quota (notifiée dès février 2008) pour atteindre ses objectifs initiaux, coupe qui ne sera pas indemnisée à la différence de la campagne à venir.
La filière devrait perdre, selon les estimations de la CGB, environ 5 ou 6% des 27 000 planteurs actuels et de grands mouvements sont perceptibles sur les outils industriels, avec la fermeture attendue de nombreuses sucreries et distilleries en 2008-2009 (Guignicourt pour Saint Louis Sucre, Vic, Abbeville et Marconelle pour Tereos, et enfin Aiserey pour Cristal Union).
L’impact sur les surfaces de betteraves semble nul, une redistribution s’opérant au profit de l’éthanol chimique et agrocarburant, au détriment du sucre C (ou industriel). La réduction drastique de la production n’est pas sans effet sur les importations, qui vont quasiment doubler d’ici 2010 à 4 M t. Ce point soulève d’ailleurs l’inquiétude de la CGB, qui réclame une clause de sauvegarde à hauteur de 3,5 millions de tonnes pour limiter les importations en provenance des pays les moins avancés et une baisse des prix. Le syndicat des planteurs réclame également une codification précise de l’origine des sucres et de leur transformation, pour mettre fin aux fraudes déguisées.