Spiritueux : un marché stable malgré tout
Comme nous l’avions prévu, quelques modifications notables ont été apportées aux chiffres présentés dans la première mouture de l’étude réalisée par la Fédération Françaises des Spiritueux et brièvement commentés dans notre numéro de mercredi. En particulier, le bilan corrigé, tenant compte des trois spiritueux AOC, Cognac, Armagnac, Calvados, conclut à une production française totale de 470 millions de litres, contre 620 millions précédemment annoncés. L’ajustement est le fait de ces AOC dont la production représente respectivement 121 Ml, 3,5 Ml et 5,2 Ml. La production des divers autres spiritueux s’élève à 327 Ml, les anisés représentant à eux seuls, 135,5 Ml, suivis des liqueurs et crèmes pour 83,1 Ml et le Rhum des DOM, 57,2 Ml. La France, avec ses 470 Ml se place en volume comme en prix, en deuxième position sur le marché européen, derrière le Royaume-Uni qui produit quelque 40 % plus en volume avec près de 700 000 Ml, la différence étant beaucoup moins sensible en valeur, quelque 3 Mds d’euros, contre 2,3. Surtout, la France est de très loin le pays à offrir une gamme aussi diversifiée de spiritueux, allant du Cognac à la crème de cassis en passant par les anisés ou la vodka.
Le whisky creuse l’écart
En valeur, le marché des spiritueux fabriqués en France représente 1,15 milliard d’euros (hors AOC), le premier poste en volume, les anisés, ne venant qu’en seconde position en valeur avec 437 M d’euros, alors que le 2e poste en volume, les liqueurs et crèmes prend la première place en valeur : 577 M d’euros. Loin derrière ces deux leaders on trouve les amers et les bitters avec 37 M d’euros, puis les mélanges de spiritueux (ne pas confondre avec les prémix, mélanges à faible teneur en alcool) et à une 4e place assez inattendue, la vodka pour 21,7 millions d’euros. Les alcools de fruits, interviennent pour 19,9 M d’euros. La consommation française de spiritueux n’a que modérément baissé entre 2004 et 2005, -1,2 % pour 1,34 M d’hectolitres d’alcool pur La teneur en alcool pur des spiritueux varie considérablement selon les articles , autour 25 % pour une crème de cassis jusqu’à plus de 50 % pour certains rhums, sans pouvoir néanmoins être inférieure à 15 %. La moyenne retenue pour l’ensemble des spiritueux est de 37,5 %., résultat honorable si l’on considère un contexte économique peu favorable et une politique de santé publique hostile.
Contrairement à la plupart des productions alimentaires, la consommation française de spiritueux diffère de sa production. Certes les anisés, première production française, constituent 32 % de la consommation mais sont précédés par le whisky (35 %) dont la production en France ne dépasse pas 400 000 litres. Les liqueurs et crèmes de cassis fournissent 10 % de la consommation nationale.
En revanche, les 130 millions de litres d’eau-de-vie AOC produits en France ne trouvent grâce auprès des Français que pour 2 % de leur consommation. Mais le Cognac, rappelons-le (Les Marchés du 23 février) constitue l’une des pièces maîtresses de nos exportations de vins et spiritueux : 1,35 milliard d’euros en 2005, pour un total d’exportations de spiritueux de 2,19 milliards d’euros, dans lequel les liqueurs se taillent aussi une belle position avec 334 millions d’euros euros. On pourra juste regretter que ces alcools AOC, et plus particulièrement le Cognac prenne si peu de place sur son marché national.