Space : réactions prudentes après le discours de Villepin
Les professionnels et responsables professionnels interrogés par Les Marchés, mardi et mercredi à Rennes (Ille-et-Vilaine) à l'issue du premier discours de politique agricole du Premier ministre, Dominique de Villepin, ont fait part de réactions mitigées sur la teneur du discours. Côté satisfecit, les responsables de la FNSEA ont vu dans le discours du chef du gouvernement « une bonne analyse». Pour son président, Jean-Michel Lemétayer, également président du Space le discours de politique agricole contient « un certain nombre d'avancées (...) avec deux axes centraux : l'allègement des charges et (...) la modernisation de l'agriculture, ce que nous avons toujours demandé ».
Le développement de la filière bioénergie et la prise en compte de la biomasse comme source potentielle de production énergétique va également dans le bon sens, selon lui. « Ce sont des défis pour l'avenir », a souligné Jean Salmon, président de la Chambre d'agriculture de Bretagne. Christiane Lambert, vice-présidente de la FNSEA a de son côté noté « des têtes de chapitre intéressantes » et s'est réjouie que M. de Villepin ait réaffirmé le principe d'une agriculture française forte « en termes d'emploi, d'alimentation et en termes sanitaires».
« Notre sort est d’abord entre nos mains »
Celà étant dit, il reste au Premier ministre le soin de valider et confirmer ces orientations. Jean-Michel Lemétayer a dit espérer que le débat parlementaire qui s'ouvrira à l'automne sur la loi d'orientation agricole « confirmera les ambitions prononcées à Rennes ». Si le programme agricole du gouvernement se réalise, « la confiance reviendra dans les campagnes», a pronostiqué M. Lemétayer. Jean le Vourc'h, président de la coopérative laitière Even (Ploudaniel, Finistère) a fait entendre un autre son de cloche . Pour lui, les annonces de Dominique de Villepin ne sont rien sans « des moyens importants (...). Et puis il faut moderniser l'agriculture en simplifiant largement les structures». Quant au poids supplémentaire qui sera accordé aux interprofessions pour qu'elles agissent sur leurs marchés pendant des crises structurelles, M. Le Vourc'h s'interroge. « De quels moyens disposeront-elles ? Faudra-t-il que ce soit les professionnels qui les financent ? », a-t-il déclaré aux Marchés.
Côté franche opposition, Luc Hamon, un éleveur d'Ille-et-Vilaine responsable sur son département de la Coordination Rurale a vivement regretté que ce discours fasse la part belle aux industriels. « La France est le premier pays exportateur mondial de produits agroalimentaires, et pour cela il faut produire toujours plus et à moins cher, et donc il faut s'agrandir. Nous, on n'en peut plus ».
Représentatif d'un certain nombre d'exposants du Space, un industriel de la nutrition animale, interrogé sur ce qu'il pensait du discours de M. de Villepin, nous a avoué ne pas y avoir assisté. La raison ? « Moi, ma place est sur le terrain. Notre sort n'est pas entre ses mains, mais entre nos mains.»