Soja et colza : le climat fait les prix
Alors que sur les semaines passées, c'est l'éventualité d'un retour d'El Niña sur les plaines américaines avec son cortège de sécheresse qui avait fait grimper les cours, le retour des pluies cette semaine entraîne le complexe oléagineux à la baisse. Les semis de soja sont maintenant réalisés à hauteur de 96 % contre 89 % l'année dernière et 93 % sur la moyenne des cinq dernières années. Le crop rating, même s'il baisse de 1 % reste au top avec 73 % dans la catégorie bon à excellent. Ces perspectives souriantes aux États-Unis – alors que la récolte s'achève maintenant en Argentine avec des résultats finalement satisfaisants – ont conduit les fonds de pension à alléger des positions, jugées par tous, très longues.
Les exportations de soja en retardDans le même temps bien que les affaires aillent bon train aux États-Unis, les exportations accusent toujours un léger retard par rapport aux objectifs donnés par le département amé-ricain à l'Agriculture. Le pétrole qui frôlait la barre des 50 dollars le baril depuis plusieurs semaines est lui aussi en retrait. L'évolution des cours sur les prochaines semaines restera fortement dépendante de celle des conditions météorologiques. À cette période de l'année, c'est le climat qui fait les cours.
L'ambiance est bien différente en France et en Europe où même si une embellie est attendue pour l'heure les cultures continent à être copieusement arrosées. Peu d'analystes se risquent à un pronostic sur le futur rendement des récoltes mais la sensation générale est bien évidemment à la baisse. Une seule certitude, les moissons de colza seront tardives.
Inquiétudes sur le colza françaisLe marché du colza de son côté suit la tendance du soja à Chicago, et les cours ont décroché en huit jours de plus de 15 euros. Les transactions sont toujours bloquées en France par le conflit qui oppose Saipol aux organismes stockeurs. Il faudra bien qu'un dialogue s'amorce entre les deux parties. Le triturateur français ne peut encore compter sur la marchandise de l'Europe de l'Est pour faire tourner ses usines, et l'origine canadienne, seule disponible, pose des problèmes pour la commercialisation des tourteaux qui sont issus d'organismes génétiquement modifiés. Comme pour le soja, les semaines à venir, et peut être enfin le retour du soleil, seront décisives pour déterminer le volume et la qualité des récoltes.