Soja, bible et sans-terre
Incapable dans les années 90 d’effectuer des réformes économiques et sociales comme ses voisins sud-américains, ce pays a laissé se développer déséquilibres sociaux et corruption. Le président Nicanor Duarte Frutos, du parti Colorado (conservateur catholique), doit maintenant appeler aux postes de responsabilité des activistes de la secte protestante mennonites pour lutter contre ces fléaux. Pour châtier les coupables et faire rentrer les impôts, ils usent de la Bible d’une main, des ordinateurs de l’autre – il parait que la première marche encore mieux que les seconds. Premiers résultats : +32 % de rentrées fiscales au 1er semestre !
Ce pays de 407 000 km2, sans débouché sur les océans, compte seulement 5,74 mio d’habitants, soit 14 habitants au km2. L’agriculture soutient seule la croissance du pays. Le Paraguay est devenu le 4e exportateur mondial de soja, dont la production est le fait de grands propriétaires.
En bref : 7 % des agriculteurs possèdent entre 70 et 90 % des terres. Le soja rapporte à l’exportation 700 mio $, mais les trois-quarts des paysans vivent avec moins d’un dollar par jour. Malgré quelques distributions de terres, des conflits violents entre grands propriétaires et paysans sans terre sont permanents. Parfois, dans l’urgence, le gouvernement exproprie quelques hectares en jachère pour les redistribuer aux sans-terres. Les grands propriétaires crient alors à l’anarchie et reprochent au gouvernement de ne pas protéger la propriété, au risque de ternir l’image du Paraguay auprès des investisseurs étrangers potentiels. On croit avoir déjà entendu cet air-là…