Aller au contenu principal

Smithfield résiste à la pression immobilière

Le développement immobilier en bureaux guette le célèbre marché londonien de la viande.

En plein cœur de Londres, l’un des plus grands marchés couverts d’Europe, « Smithfield », a survécu à la mise aux normes européennes et à la vague qui a chassé ses semblables des centres-villes. Mais c’est maintenant le développement immobilier qui guette ce marché millénaire. A deux pas des tours de verre et d’acier de la haute finance, dans la riche City, le marché à viande de Smithfield est une bouffée d’air pour le Londonien fatigué de paysages aseptisés.

Ici, de 3 heures à 7 heures du matin, des costauds au tablier ensanglanté tranchent, dépècent et hachent menu tout ce qui peut finir sur une table. Dans les chambres froides, des centaines de carcasses se balancent sur leur crochet. 110 000 tonnes de viande transitent chaque année par Smithfield. Un marché aux bestiaux y existait déjà vers l’an 1 000 mais c’est en 1867 que les actuelles halles virent le jour.

Dessinée par Horace Jones, responsable du Tower Bridge, la structure d’acier est un des plus beaux exemples de l’architecture victorienne. Sous la charpente métallique aux volutes vertes et mauves, une horloge aux aiguilles dorées égrène encore les minutes, comme elle le fait depuis 130 ans. Le site fait la joie des noctambules, comme des lève-tôt, et pas seulement parce que les pubs alentour y servent la Guinness 24 heures/24 ou presque.

Un premier pas vers le déménagement ?

Mais le 6 novembre, une enquête publique a été lancée sur un projet du promoteur Thornfield Properties, défendu par la « City of London ». L’enquête doit s’achever fin janvier et le gouvernement arrêter sa décision vers l’été. Pour faire place à une tour de bureaux de sept étages, Thornfield entend abattre trois bâtiments adjacents au marché à viande. De style semblable, ils ont été construits par Horace Jones au XIX e siècle et servaient notamment de marché au poisson. Mais, abandonnés depuis dix ans, ils sont dans un état pitoyable, contrastant avec le marché à viande qui a fait l’objet d’une coûteuse rénovation. Plusieurs projets commerciaux, refusés par la City, proposaient de restaurer les édifices et d’en faire un nouveau Covent Garden, ancien marché du centre de Londres qui abrite dorénavant boutiques tendance, étals de nourriture « bio » et autres cafés branchés… Mais « il y a plus d’argent à faire dans une tour de bureaux », accuse Adam Wilkinson, secrétaire de Save Britain’s Heritage (Sauvons le patrimoine de la Grande-Bretagne). Dès 2004 et la sortie du projet, le prince Charles disait « ne pas croire qu’il y ait besoin de davantage de bureaux alors qu’il y en a déjà plus de 230 000 m 2 inoccupés » autour de Smithfield. La destruction des édifices pourrait de plus « être le premier pas vers le déménagement du marché à viande », craint Paddy Pugh, d’English Heritage, autre association de défense du patrimoine. M. Pugh souligne que la municipalité de Londres a déjà évoqué le projet d’un « Rungis à l’anglaise », du nom du marché de la banlieue de Paris où ont notamment été transférées « les Halles » du centre-ville. Officiellement, la « City of London » dément tout projet de déménagement de Smithfield. Sous le couvert de l’anonymat, on reconnaît cependant que la « possibilité » existe. Mais les 44 locataires du marché à viande ont déjà sorti leurs couteaux de boucher. Derrière un impressionnant alignement de côtes de bœuf, John Absalom se dit ainsi prêt à se battre pour que « (son) fils reprenne la boutique ». « On est là pour rester ».

Les plus lus

Œufs : le bond des importations européennes vient d’Ukraine, mais aussi de Turquie

L’évolution des prix des œufs français, au 19 décembre 2025, expliquée par le journal Les Marchés, qui publie trois fois par…

Anvol analyse volailles
Poulet : la hausse de 3,7 % de la production française ne suffit pas pour répondre à la demande

La consommation de volailles, et en particulier de poulet, poursuit sa progression amorcée depuis plusieurs années. Les achats…

Dinde en élevage
« La production de dinde est stable en 2025, c’est une bonne nouvelle »

Après plusieurs années de recul, la filière dinde semble retrouver de la stabilité dans les abattages en France. Malgré une…

Les prix des œufs arrêtent leur progression en Europe avant les fêtes

L’évolution des prix des œufs français, au 12 décembre 2025, expliquée par le journal Les Marchés, qui publie trois fois…

Avion de la présidence française à Pékin
Agroalimentaire : quels résultats de la visite d’Emmanuel Macron en Chine ?

Emmanuel Macron est rentré de Chine où l’accompagnaient la ministre de l’Agriculture et des industriels des secteurs laitiers…

oeufs en centre de conditionnement
Œuf : les prix se stabilisent mais la tension monte sur le marché

L’évolution des prix des œufs français, au 02 décembre 2025, expliquée par le journal Les Marchés, qui publie trois fois par…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 90€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site Les Marchés
Bénéficiez de la base de cotations en ligne
Consultez vos publications numériques Les Marchés hebdo, le quotidien Les Marchés, Laiteries Mag’ et Viande Mag’
Recevez toutes les informations du Bio avec la newsletter Les Marchés Bio