Situation tendue sur le marché
Période du 7 au 13 février. Le rapport de l’USDA (département américain de l’Agriculture) paru la semaine dernière, s’il n’a pas créé de surprise sur le fond, a eu au moins le mérite de préciser les estimations de pertes de volume de la production de soja entraînées par La Niña en Agentine et au Brésil. Les précédentes estimations avaient généralement été jugées trop timides par les observateurs privés, d’où des réactions molles des marchés. Cette fois, l’USDA confirme le recul important de cette culture en Amérique latine en ramenant ses prévisions de récolte brésilienne, de 74 à 72 millions de tonnes (contre 75,5 l’an dernier) et de récolte argentine, de 50,5 à 48 Mt (49 Mt en 2011). La prévision de récolte du plus gros producteur mondial, les États-Unis, est maintenue à 83,2 Mt, contre 90,6 Mt l’an dernier. La Chine verrait sa récolte fléchir, passant de 15,10 Mt l’an dernier à 13,50 Mt. La production mondiale, révisée en baisse de plus de 5 Mt par rapport à l’estimation de janvier, atteindrait 251,47 Mt et serait en recul de 12,8 Mt sur l’an dernier. Dans le même temps, la consommation mondiale connaîtrait une progression, passant de 251,74 Mt l’an dernier à 258 Mt cette année. Le stock de report mondial tomberait de 68,9 Mt fin 2010-2011 à 60,3 Mt cette campagne. Les éléments d’un marché tendu sont donc réunis, même si dans les jours qui ont suivi la parution du rapport, les réactions du marché de Chicago ont été mesurées, avec une légère tendance haussière face à un marché céréalier en baisse.
En revanche, le marché du colza, malgré des fluctuations dans les deux sens dans un contexte de volatilité générale, doit confirmer des fondamentaux haussiers dont la faiblesse de la production communautaire à 27, même si l’on attend un bilan français confortable.
Colza : des dégâts conséquents en Ukraine
Les spéculations sur les dégâts éventuels causés au colza dans l’Union européenne continuent de se développer, malgré les diverses déclarations optimistes. Ce qui est certain, c’est que ces dégâts seront considérables en Ukraine, pays qui apparaissait jusqu’alors comme une source d’approvisionnement complémentaire pour les triturateurs européens confrontés à une rareté des disponibilités en graines. D’après le bureau ukrainien de l’analyste Agritel, la vague de froid qui s’est abattue sur ce pays, (où les cultures de colza sont particulièrement développées) avec des températures avoisinant les -25 °C et une couverture neigeuse insuffisante, entraînerait une production en repli de 40 % par rapport à l’année dernière. Il sera difficile de compenser cette baisse de production par d’autres origines, remarque cet observateur, 80 % des exportations ukrainiennes de colza allant vers l’Union européenne.
Un autre facteur actuel de fermeté du colza est celle du pétrole, entretenue par l’équilibre fragile de la situation au Moyen-Orient.