Sans antibiotique : la tendance se mondialise
> Dominique Chavatte, directeur de la branche volailles internationale d'InVivo NSA au séminaire FIAAP.
Le sans antibiotique ne recouvre pas le même concept dans tous les pays du monde. Dans l'Union européenne, la suppression des facteurs de croissance antibiotiques dans les aliments pour animaux, qui a commencé en 1997 avec l'interdiction de l'avoparcine, est totale depuis 2006. Le « sans antibiotique » concerne désormais ici l'élevage sans antibiotique médicamenteux dans des conditions variant selon les espèces. Sa définition en vue d'une mention valorisante sur les étiquettes des produits animaux finis est d'ailleurs en cours de rédaction via un décret en France.
Dans les autres États, la question est totalement différente. Ainsi, lors du Victam Bangkok qui s'est tenu en Thaïlande du 28 au 30 mars, nombreuses étaient les ” conférences consacrées à la manière de se passer des antibiotiques facteurs de croissance dans les aliments pour animaux. « La santé du tube digestif est devenue le sujet numéro un ces dernières années, et devient un impératif pour notre industrie de l'alimentation animale en Asie sous l'effet de l'évolution réglementaire, mais aussi en raison de la demande des consommateurs et des distributeurs », résume Graziano Mantovani, chargé du porc en Asie du Sud-Est pour Provimi (Cargill). Les fournisseurs (additifs ou prémix) présentent d'ailleurs en Asie l'efficacité de leurs solutions dans les deux formats : dans des rations sans antibio-tiques facteurs de croissance ou en synergie avec ces derniers, signalant l'importance que conserve ce marché-là.
“ La santé du tube digestif est devenue le sujet numéro un en Asie
Les Asiatiques ont été particulièrement intéressés par l'analyse présentée le 29 mars lors du séminaire FIAAP par Dominique Chavatte, directeur de la branche volailles internationale d'InVivo NSA. « Après l'interdiction des facteurs de croissance antibiotiques, de nombreuses mesures ont été prises comme la biosécurité, les vaccinations, le suivi de la qualité chimique et bactériolo-gique de l'eau, la qualité du poussin d'un jour, la ventilation des bâtiments… (en Europe, ndlr), mais aussi les contrôles qualité des matières premières, la formulation pour adapter le niveau protéique aux besoins, l'utilisation des enzymes etc. ». Il rappelle que l'Union européenne a beaucoup légiféré depuis les années 2000 autour de l'élevage.
Au total, le surcoût lié à l'ensemble de ces évolutions réglementaires (farine de viande et d'os, législation alimentaire, paquet hygiène, contrôle des salmonelles, non génétiquement modifié (OGM)) était estimé en 2011 à 4,79 centimes d'euro par kg de poids vif soit entre 4,5 et 5,1 % des coûts de production en volailles. « La suppression des facteurs de croissance est responsable d'environ 0,8 centime d'euro par kilogramme de poids vif soit 16 % de l'augmentation des coûts liés aux contraintes réglementaires, ce qui représente moins de 1 % du coût de production total. L'interdiction des OGM et des farines de viande et d'os, ainsi que le contrôle des salmonelles ont pesé bien plus qu'elle », ponctue Dominique Chavatte.