Roquette crée l’industrie des microalgues
Marc Roquette, p-dg du groupe nordiste, en est persuadé : «les microalgues pourront apporter une forte contribution à l'humanité pour l'avenir». Après la pomme de terre, le maïs, le blé et le pois, le spécialiste des amidons et dérivés (14 usines en France et dans le monde, 2,5 Mds Eur de CA en 2007) a décidé d'investir massivement dans une technologie «propre», inédite en Europe à l'échelle industrielle. En janvier 2008, Roquette a réalisé une acquisition stratégique en achetant BPS, le plus grand photobioréacteur en eau douce du monde, basé en Allemagne. Dans près de 500 km de tubes y sont cultivées microalgues, type chlorelles, vendues en France et en Allemagne sous forme de complément alimentaire. Organisme unicellulaire cultivé en eau douce, la chlorelle est très connue au Japon. Sa composition nutritionnelle est riche : en protéines (plus de 50% de sa composition), en chlorophylle et pigments (antioxydants), en sels minéraux (10% de sa composition), en vitamine B12 (essentielle pour les végétariens) et en acides gras polyinsaturés. Même sa membrane aurait une fonction détoxifiante.
Filière européenne
Percevant les applications multiples de ces microalgues, Roquette a décidé de s'engager au-delà de cette première acquisition. En prenant la tête du programme de R&D Algohub TM (labellisé par deux pôles de compétitivité) le groupe souhaite créer une filière européenne spécialisée dans les microalgues. Roquette pilote un consortium de 14 partenaires composé d'industries (dont Bonduelle, Evialis et Glon), de centres de recherche (dont Institut Paul Ricard et l’Institut Pasteur de Lille) et de startup. Etalé sur 5 ans, ce programme s'élève à 28,4 M Eur dont 9,7 M Eur d'aides ont été accordées par Oséo. A la clé, beaucoup de produits nouveaux s'inscrivant dans une «innovation de rupture». Algohub TM qualifié «d'accélérateur de l'innovation» par M.Roquette s'est fixé quatre objectifs : explorer la biodiversité des microalgues, les produire en qualité et quantité, en extraire les composés nutritionnels d'intérêt et faire la preuve de leurs bénéfices santé.
Les produits issus du programme auront de multiples applications : en alimentation animale (l'aquaculture et les poules pondeuses, en particulier), en alimentation humaine (comme compléments alimentaires, ou en ingrédients), mais aussi en pharmacie et en cosmétique. Roquette espère pouvoir commercialiser des ingrédients issus de microalgues d'ici 3 à 4 ans. A terme, quand les coûts de production auront baissé, Marc Roquette pense que les microalgues pourront aussi servir à la végéto-chimie. «Notre cible est le marché mondial. Nous souhaitons faire un maximum de volume et sommes ouverts à la croissance externe», affirme-t-il haut et fort.