Roquefort : inquiétude chez les producteurs de lait
Lancer un bleu de brebis, « similaire au roquefort », dans le but de contrer les produits persillés à base de lait de vache (de type St-Agur), « imitations externes » qui gênent le développement du roquefort, est-il une bonne solution ? C’est la question que se posent les producteurs de lait de brebis du « rayon » de roquefort et leur fédération.
Afin de diversifier ses produits, le groupe Lactalis, qui fabrique le roquefort Société, aurait en effet en projet de lancer un Lou Pérac persillé, concocté à partir du lait collecté dans le « rayon » et payé, a priori, au même prix que le lait dédié au roquefort, c’est-à-dire au prix fort. « Société veut proposer aux consommateurs un produit plus moderne, mais cela pose le problème du positionnement de notre AOC, estime Jacques Bernat, président de la FRSEB (Fédération régionale syndicale des éleveurs de brebis). Éleveurs et industriels sont avant tout organisés autour du « rayon » et de la fabrication du roquefort. S’il doit y avoir une diversification, et nous considérons que c’est une nécessité pour l’intérêt économique régional, elle doit se faire sur un créneau différent et ne pas empiéter encore sur la famille des bleus et des persillés. »
Les producteurs de lait de brebis craignent ainsi que ce nouveau fromage soit un concurrent direct du roquefort, dont la commercialisation risque alors d’être « réduite à un marché de niche ». Mais ils redoutent aussi que ce soit la porte ouverte à la banalisation des produits. « L’un des piliers fondateurs de l’interprofession a toujours été la défense de l’AOC roquefort, au prix d’efforts humains et financiers considérables. Comment, demain, être encore crédible dans notre défense contre les copies », se demande la FRSEB. Les discussions sont en cours entre les éleveurs, le groupe Lactalis et les autres industriels de la Confédération générale de roquefort.