Retour à la baisse sur les marchés

La récolte de soja est quasiment achevée aux États-Unis, réalisée maintenant à hauteur de 95 %. La moisson s'avère belle en qualité et en quantité, ce qui a conduit l'USDA à revoir à la hausse ses prévisions de rendement et de production. Pour le ministère américain de l'Agriculture, le millésime 2015 en soja américain pourrait atteindre les 108 millions de tonnes (Mt). Dans leurs bilans prévisionnels mondiaux les américains boostent l'export et la trituration pour laisser un stock de report mondial à 83 Mt. C'est 2 Mt de moins que dans leurs prévisions du mois dernier mais à un niveau supérieur de 5 Mt au stock de la campagne dernière. Les opérateurs considèrent qu'il s'agit d'un bilan d'objectif plus que de réalité et ne retiennent qu'une chose, le monde croule sous les stocks de soja. Ce sentiment est d'autant plus fort qu'en Amérique du Sud les semis vont bon train et devraient permettre, bien que la récolte soit encore lointaine, de réaliser de belles moissons au Brésil et en Argentine. En Argentine, le jeu politique avec les promesses faites par les candidats aux élections pourrait permettre de libérer l'important stock de graines que les producteurs ont gardé tant le contexte est instable. Certes pour l'heure, les Chinois poursuivent à un rythme satisfaisant leurs achats aussi bien au sud qu'au nord des Amériques, mais pour combien de temps ? Les cours de la graine dans ce contexte ne cessent de s'éroder.

S'ils sont sensibles aux évolutions des cours du soja, ceux de colza évoluent aussi sur leurs propres fondamentaux. La récolte mondiale étant en baisse, le colza demeure un cran au-dessus. C'est surtout à l'érosion du prix du baril de pétrole que la graine est sensible. Depuis une dizaine de jours, alors que la production d'or noir reste importante, les estimations de baisse de la croissance des pays émergents plombent l'ambiance.

La graine qui semblait s'être durablement installée au-dessus des 380 euros la tonne en fob Moselle repasse sous ce seuil. La chute est toutefois amortie par la baisse de l'euro qui est un facteur positif. Les triturateurs, dont les marges sont médiocres, ne se bousculent pas aux achats dans un marché largement nominal en physique. Comme pour le soja, et peut-être plus encore, le rebond peut venir d'une forte baisse de production d'huile de palme, mais les stocks sont importants en Malaisie. Autre facteur porteur, les difficultés d'implantation du colza autour de la mer Noire qui laissent augurer d'une récolte 2016 en baisse.